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Un jeu pour s’armer contre le harcèlement
Le jeu se compose de 52 cartes présentant chacune une remarque désagréable. Des « nains de jardin », « tu ris comme une baleine » ou encore « ton coiffeur est en prison » auxquels il faudra répondre le plus rapidement possible selon certaines consignes imposées :
1. L’autodérision
Cette flèche dit en substance : « Ce que tu dis est vrai. Et, en fait, c’est encore pire que ce que tu penses. »
« Il faut que la personne en face se sente décontenancée, explique Geneviève Smal. Mais, attention, il ne faut pas confondre autodérision et auto-humiliation. L’autodérision ajoute ce petit quelque chose qui est énorme, afin que les agresseurs sentent bien que c’est trop gros. »
2. La pirouette
Il s’agit de faire comme si l’on n’avait pas entendu la remarque désagréable. Ou de ne pas avoir compris que c’était insultant. L’idée : on garde le contexte de la pique envoyée, mais on détourne l’attention en répondant à côté de la plaque.
3. Le boomerang
Cette catégorie de flèche, c’est la base de la répartie. Une sorte de « c’est celui qui le dit qui l’est » mais en version plus sophistiquée. Le boomerang renvoie une réplique de la même intensité que la pique reçue. Comme une sorte de miroir qui renverrait la violence à son expéditeur. La règle ? Rester poli (pour ne pas s’attirer encore plus d’ennui) !
4. La question
Cela peut être une véritable question de clarification ou une question empreinte d’une touche de malice. Peu importe, le fait de devoir préciser sa pensée va forcer le piqueur à raisonner. Et va le désarçonner.
5. Le compliment
C’est la flèche la plus efficace pour que le conflit prenne fin. Faire un compliment à la personne qui vous a envoyé la pique va le perturber. Elle aura l’impression que vous n’êtes pas le moins du monde blessé. Et puisque le thermomètre de la “réussite” d’une pique est la souffrance de la victime, celle-ci n’aura plus beaucoup d’intérêt.
Au fil des années et de son succès, d’autres Takattak ont vu le jour : au classique sont venus s’ajouter le Takattak à la récré et le Takattak trash. On y trouve d’autres consignes, comme la vérité, la rime ou encore la chanson. L’important, c’est de garder le mouvement. Une victime qui resterait en mode autodérision pourrait passer pour un masochiste. Celle qui ne répond que par des questions serait peu naturelle. L’idée est de jongler avec les différentes catégories.
Dans sa pratique de thérapeute, Geneviève Smal s’appuie aussi sur son premier prix de Conservatoire en art de la parole. Elle entraîne ses patients à changer de posture. Elle a appelé cette position la position de l’ours. Son avantage ? « Elle représente un entraînement en prévention et elle sert de base au moment de l’agression, précise Geneviève Smal. C’est une posture symétrique. Frontale. Les deux pieds bien ancrés. En mode “je suis un roc”. Ne surtout pas cacher les mains. Le regard planté dans les yeux de la personne. »
Ainsi outillés, ils sont prêts à décocher leur réplique : une flèche à la juste hauteur. « Une flèche qui n’attise pas le confit, rappelle Geneviève Smal. Une flèche qui l’éteint. Une flèche qui renforce celui qui l’a envoyée. »