Nous le savons, les enfants d’aujourd’hui grandissent et évoluent dans un monde qui n’a rien à voir avec celui des...
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Kodomo-no-hi, le jour des enfants au Japon
Chaque année, des rangées de carpes décorent les rues et les parcs de l’archipel nippon, alors que le printemps bat son plein. La fleur d’iris baigne le pays de ses nuances de violet et de blanc, et sonne un moment faste du mois de mai. Son 5ème jour, on célèbre Kodomo-no-hi, « la journée des enfants » en japonais. L’équivalent voisin dont elle est issue est la fête chinoise des bateaux-dragons (Duanwu). À cette date, les petits sont à l’honneur, et il est d’usage de les initier au courage. Revenons sur le conte initiatique aux origines de cette tradition…
La fable de la carpe
Autrefois, nous dit la légende, un banc de carpes remontant le courant du fleuve Sumida-gawa au Japon, resta dépourvu face à une gigantesque cascade, et dut rebrousser chemin. Les Yokai, de petits esprits malicieux, se moquaient de ces carpes incapables. Cent ans passèrent jusqu’au jour où une carpe plus vaillante que ses congénères parvint à franchir la cascade jusqu’au ciel. Héroïque, elle fut transformée en dragon, une faveur que lui offrirent les Yokai.
Depuis ce temps, la carpe, koi en japonais, est un porte-bonheur dans ce pays, en plus d’être un symbole de bravoure et de persévérance, et, durant la journée des enfants, on orne les maisons, les prairies et le bord des rivières de koinobori : d’immenses carpes en tissu coloré hissées à des manches à drapeau en bambou ou suspendues à des fils virevoltant dans les airs, un spectacle digne d’une authentique carte postale. Les carpes, qui vivent dans les rizières du Japon, étaient originellement un poisson d’eau douce aux écailles noires. Aujourd’hui, il s’en trouve de toutes les couleurs (rouges, jaunes, bleues, etc.) à l’instar des arcs-en-ciel de koinobori.
Rituels et coutumes
Une fois avoir soigneusement déployé ces guirlandes de carpes, les Japonais se réunissent en famille pour partager des mets festifs. Parmi les pâtisseries traditionnelles, on déguste des chimaki, du riz gluant recouvert de feuilles de bambou, ou des kashiwa-mochi, un gâteau de riz fourré d’une purée de haricots rouges sucrée, puis enveloppé au cœur d’une feuille de chêne. En plus d’être savoureux, le kashiwa est un dessert symbolique : par la présence du chêne, il incarne la transmission et la continuité entre les générations. C’est aussi cela Kodomo-no-hi ! Une tradition ancestrale qui vante les familles et leur résilience, tout en gardant à l’esprit le courage de nos ancêtres.
L’iris, fleur de saison associée à ce jour singulier, est présente dans plusieurs coutumes. Pour conjurer le mauvais sort et attirer la faveur des Yokai, on accroche ses rameaux aux portes d’entrée. Aussi, les plus jeunes ont pour rituel de prendre des bains d’iris en raison des propriétés purificatrices qui lui sont prêtées, et car cette pratique serait favorable à une croissance saine.
La fête des samouraïs devenue mixte
C’est seulement depuis 1948 que cette célébration historique est officiellement mixte. Depuis la nuit des temps, les petits japonais et japonaises avaient chacun un jour de fête distinct durant l’année : Hina Matsuri, le 3 mars, pour les filles, et Tango-no-sekku, déjà « Fête des iris » du 5 mai, pour les garçons. Elle était alors une festivité de tradition guerrière, dont les samouraïs s’était emparés, et qui marquait un rite de passage de l’enfance vers l’âge adulte. Elle est progressivement devenue la journée de tous les jeunes, durant laquelle on honore, en plus de la force, la paix et le bonheur. Cette valeur de force, qui était réservée aux samouraïs combattants, s’est étendue pour inclure les japonaises également, tout en se pacifiant. Désormais, c’est la force intérieure de l’enfant qui est glorifiée. Tout comme la valeureuse carpe le prouve, il est louable de ne pas reculer devant l’échec et de faire preuve de détermination. Un enseignement que les parents transmettent au cours de cette journée de divertissement.
Le temps où les familles de guerriers de la société féodale japonaise offraient une partie de leurs armures aux garçons est révolu, mais en joyeux héritage, tous les enfants ont le loisir de confectionner des casques de samouraï en origami appelés kabuto, en plus des immanquables koinobori. Des idées créatives que l’on emprunte au pays du Soleil Levant pour une après-midi familiale originale !