Des forêts millénaires d’Araucanie à l’île de Chiloé, le Chili dessine un terrain de jeu grandeur nature où petits et...
» Lire l'articleGARÇON OU FILLE, C’EST PAREIL ?
GARÇON OU FILLE, C’EST PAREIL ?
À la maison
Nous avons conscience aujourd’hui des dommages infligés par ces différences éducatives, souvent désavantageuses à l’égard des filles, qui ont été cultivées et transmises de génération en génération mais rarement remises en question. Tellement ancrés culturellement, ces stéréotypes ont la vie dure, à tel point qu’on peut encore surprendre des réflexions comme « quand on est un petit garçon courageux, on ne pleure pas ! ». Pourtant, sur la théorie, on est à peu près au point et beaucoup de parents sont très vigilants sur le sujet.
Dans la pratique, cela se corse, car il s’agit avant tout de transmission par l’exemple.
Comment réagir quand grand-père et les hommes de la famille restent à table alors que toutes les femmes se lèvent pour aider ? Que faire, sans blesser personne, lorsque votre mère explique à vos filles qui hurlent de rire qu’« une jeune fille bien élevée doit être discrète » ?
Déjà, si cela vous heurte, le plus gros du travail (la prise de conscience) est fait ! Profitez-en pour ne pas bouillir dans votre coin. Les enfants nous servent souvent de révélateur et nous ouvrent les yeux. C’est le moment d’agir !
- Pour vous sentir aligné·e, ne subissez pas et réagissez avec humour : proposez aux hommes un défi : « Pouvez-vous débarrasser la table aussi bien et vite que les femmes ? »
- Dites à votre mère que « oui, c’est bien de ne pas déranger les autres mais que c’est valable pour les garçons comme pour les filles ».
- Et surtout, parlez-en avec vos enfants : revenez sur le sujet aussi souvent que nécessaire, expliquez que vous n’êtes pas d’accord avec cette manière de faire qui n’est ni juste, ni justifiée.
Occuper l’espace à l’école
À l’école, c’est plus compliqué : les enfants subissent l’influence du groupe mais aussi du corps enseignant qui souffre parfois des mêmes réflexes éducatifs.
Officiellement, selon l’Éducation Nationale, « l’égalité entre les filles et les garçons est un principe fondamental inscrit dans le code de l’éducation qui (…) favorise la mixité et l’égalité en matière d’orientation ». Pourtant, regardons la place donnée aux garçons et celle laissée aux filles dès l’école primaire… Une enquête de l’Unicef souligne que « la cour de récréation reste un espace difficile à partager où les jeux des garçons sont le plus souvent priorisés. Les analyses spatiales le montrent : ils sont au centre, elles sont sur le côté ». Également fort révélatrice, la prise de parole est majoritairement occupée par les garçons qui parlent plus fort, répondent plus facilement aux questions et sont encouragés à attirer l’attention à eux.
Pour les filles, l’école primaire reste le lieu de progression où elles s’intègrent plutôt facilement au système et obtiennent de meilleurs résultats que les garçons. Au collège, en revanche, les tendances s’inversent et « moins d’une fille sur vingt envisage de faire carrière dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STIM), contre un garçon sur cinq », alors que leurs résultats à l’épreuve scientifique des enquêtes PISA menées par l’OCDE sont comparables. Cela n’a rien d’anecdotique lorsque l’on sait que les professions dans ces domaines sont très demandées et que la rémunération y est des plus attractives.
Stefan Kapferer, secrétaire général de l’OCDE alertait sur « des préjugés entretenus, sciemment ou non, par les parents, les enseignants et les employeurs. (…) Il nous faut trouver de nouveaux moyens d’ouvrir l’esprit des enfants quant à leurs aptitudes et d’élargir leur horizon professionnel en abordant la question dans ses dimensions sociale et affective*».
*rapport OCDE de 2019 L’égalité des sexes dans l’éducation
La place de chacun
Alors comment agir pour que chacun trouve sa juste place ? Comment aider nos enfants à prendre conscience des schémas reproduits depuis des années ?
Beaucoup d’actions éducatives portent progressivement leurs fruits et les enfants sont assez conscients de cette problématique. Leurs réflexions à ce sujet sont très claires, comme Félix, 5 ans, qui déclarait : « Dire que la philo c’est que pour les grands, c’est comme dire que la danse c’est que pour les filles : ça veut rien dire ! » ou encore Hanah, 10 ans : « La seule différence entre les hommes et les femmes, c’est leur sexe, mais pourtant on les élève de manière différente alors qu’on ne devrait pas. Ce qui est dommage, c’est qu’on apprend surtout aux filles à faire le ménage. »
Les filles savent aujourd’hui que ces différences faites dans l’éducation sont limitantes pour les femmes qu’elles deviennent et que c’est très injuste. Or l’injustice est un moteur puissant pour pousser les enfants à s’intéresser à un sujet. Alors discutons-en avec eux et profitons-en pour déconstruire ensemble les stéréotypes sur le sujet.
Pour aller plus loin :
- La Carabane, des ateliers philo pour les enfants
- découvrez l’application SoftKids et le programme “Développer son esprit critique” : deux mois gratuits pour les lecteurs de La petite fabrique avec le code promo : FAMILLE.
- sur le site grainedecitoyen.fr/égalité garçon-fille, découvrez de nombreuses lectures sur le sujet et des activités gratuites pour vos enfants.