| Publié le 7 mars 2022 -

La littérature jeunesse contre les stérotypes sexistes

La littérature jeunesse contre les stérotypes sexistes

Entretien avec Marianne Zuzula, éditrice à La Ville brûle, a publié en 2014 un des premiers livres français abordant de façon frontale la question des clichés sexistes.

La petite fabrique : Les tables des librairies débordent de titres contre les stéréotypes de genre. C’est une belle victoire pour vous qui êtes dans cette dynamique depuis 2014 ?

Marianne Zuzula

Marianne Zuzula : En 2014, nous publions On n’est pas des poupées, notre premier livre jeunesse ; il compte parmi les premiers livres français à destination de la jeunesse abordant de manière frontale la question des clichés sexistes. Aujourd’hui, les maisons d’éditions s’emparent de la question des stéréotypes, j’en suis très contente, cela élargit les propositions et touche davantage de lecteurs. La ville brûle est présente principalement dans les librairies indépendantes, mais certains publics qui achètent leurs livres en supermarchés ou en grandes enseignes ne pourraient pas trouver nos titres. Que certains éditeurs fassent du “feminisme washing” ne me gêne pas, si cela peut permettre à des lecteurs d’être en contact avec des livres antisexistes !

À La Ville brûle, nous sommes très vigilant·e·s quant à la composition des albums. Nous comptons le nombre de personnages filles et garçons, les rôles attribués. Faire des livres inclusifs exige de la discipline, car on a tendance à représenter ce que l’on a vécu et ce que l’on connaît. Je crois, aussi, que c’est une mécanique générationnelle : les nouvelles générations d’auteur·e·s sont naturellement équitables en termes de représentativité de genre, d’origine, d’orientation sexuelle ; c’est une belle avancée.

Nous sommes éditeurs jeunesse, nous ne sauvons pas des vies : notre préoccupation est de publier des ouvrages dans lesquels les enfants et leurs familles sont représentés. Une révolution féministe est en cours, portée par de belles initiatives : les repères des plus jeunes ont changé. Le monde de la culture prend sa part et c’est bien ! Cependant attention, on peut remplir une bibliothèque de livres antisexistes, mais si à l’arrivée les adultes répondent par une organisation familiale sexiste, le propos du livre n’aura pas d’effet.

Pour les enfants, nous recommandons Mon super cahier d’activités antisexistes, de Claire Cantais, éditions La Ville brûle.