Célébrer Halloween en famille et en conscience

 

  • Honorer ses ancêtres et les défunts : un temps pour penser à toutes les âmes disparues, ainsi qu’aux animaux qui vous étaient chers. Commencez par les nommer, parler d’eux et de vos souvenirs respectifs avec eux. C’est le moment de ressortir des photos ou des objets leur ayant appartenu, que vous pouvez aménager sur un petit espace (autel), de porter les bijoux ou vêtements qu’ils vous ont transmis. Vous pouvez allumer une bougie en l’honneur de chacun d’entre eux et les guider jusqu’à vous. Remerciez-les à haute voix pour une ou plusieurs choses qu’ils vous ont transmises. Une tradition consiste à prévoir une place à table pour un ancêtre, une invitation à partager ce moment ce soir-là.
  • Cuisiner une recette de famille : c’est une façon de faire honneur à sa lignée et aux transmissions familiales. De perpétuer l’existence d’un ancêtre dans la vie d’aujourd’hui, et de transmettre à votre tour à vos enfants. Quel plat automnal vos grands-parents adoraient-ils vous cuisiner ? Quel souvenir gustatif vous replonge en enfance ?
  • Débuter l’arbre généalogique de vos enfants : voici une belle occasion de parler des générations précédentes et d’amorcer un travail qui pourra s’étendre sur plusieurs années ! C’est bien souvent une découverte aussi pour les adultes, qui pourra vous amener peut-être à rencontrer des membres méconnus de votre famille. Prenez soin de choisir un joli papier qui pourra accueillir les noms de toute la lignée et laissez-vous porter par les « c’est qui ? » et « elle faisait quoi ? » Une certaine bulle de magie familiale.

  • Se costumer : évidemment, pour se fondre dans l’autre monde !

  • Creuser une citrouille ou des navets pour effrayer les mauvais esprits. Sans oublier de réutiliser la chair dans une recette et de conserver les pépins pour les planter au printemps. Un joli moyen de se projeter vers le renouveau.

  • Fabriquer un balai Besom (”balai de sorcière”) : un bout de bois et des brindilles (de bouleau idéalement) vous permettra de balayer les dernières feuilles, mais aussi les anciennes énergies et créer ainsi de l’espace pour les nouvelles !

  • Gratitude et reconnaissance envers la vie : oui, parler de la mort, c’est aussi prendre conscience de la richesse de la vie ! Profitez-en pour envoyer des mots doux . vos proches, appeler un ami éloigné, prévoir des moments de qualité tous ensemble.

  • Les couleurs ont également un sens, et le connaître peut vous guider pour décorer la maison :
    Orange : pour la vitalité de la vie dans la mort, et la couleur des feuilles d’automne
    Noir : pour la mort et les fins, pour la nuit qui s’installe
    Vert sombre : pour les conifères qui résistent à la mort hivernale
    Brun : pour la terrà mise . nu.
    Violet : pour la sagesse, la perspicacité et l’inspiration.

    Dans ce mélange de traditions et d’origines, d’ancien et de moderne, laissez-vous aller avec la nature qui vous entoure, dans la pénombre d’un repli salvateur.

Parler d’amitié avec nos enfants

Les règles d’or d’un débat

Avant tout, faisons preuve de bienveillance grâce à une écoute active pour accompagner les enfants dans leurs questionnements, développer leur confiance en eux et leur sens critique. La parole de chacun doit être accueillie avec tolérance et ouverture, même en cas de désaccord.

Prenons comme première règle de ne jamais dire à un enfant : « Ce que tu penses est faux », mais plutôt  « Ok, c’est ton avis. Est-ce que quelqu’un a un autre avis ? ». De même, la compétition, la comparaison n’ont pas leur place, afin de ne pas intimider les plus réservés et bloquer leur désir de s’exprimer.

Le jeu de cartes

Imprimez et découpez les cartes téléchargeables ici. Distribuez une carte à chaque participant et posez le reste en pile, à l’envers, entre les joueurs.

Le plus jeune commence :

Il prend sa carte et pose la question écrite dessus à la personne de son choix qui prend le temps de répondre. (Les digressions sont bien sûr autorisées !)

Quand il lui a posé la question, il lui donne la carte et en pioche une nouvelle.

C’est ensuite au tour de celui qui est à gauche du plus jeune de poser une question. Et ainsi de suite.

On ne peut pas avoir plus de deux cartes en main, cela permet d’interroger tous les participants à la même fréquence. Quand on en a trois en main, on en rejette une dans la pioche, et on choisit parmi les deux autres la question qu’on va poser. Le jeu s’arrête quand il n’y a plus de cartes, ou quand les joueurs en ont envie. C’est un jeu très intense pour les plus jeunes. Il est normal que les premières “parties” ne durent que 10 ou 15 minutes.

Pourquoi l’amitié est importante pour nos enfants ?

« C’est mon meilleur ami ! »
« Je veux plus être son ami, il est nul ! »
Souvenez-vous de ces périodes tellement intenses où nous étions “fous d’amitié” pour une nouvelle amie/ un nouveau copain en qui nous voyions, du haut de nos sept ans, tellement de choses fascinantes : « elle avait des baskets bleues et même, elle jouait de la guitare », « il avait des Rollersblade et des taches de rousseur » ! Les premières amitiés donnent aux enfants l’occasion de s’ouvrir au monde, de prendre pour la première fois l’initiative de construire une relation hors de la cellule familiale et de découvrir la différence chez leurs pairs : celui qui a un chien, celui qui est enfant unique, celui qui a “deux maisons”… Explorer un autre fonctionnement familial que le sien, que l’on croyait jusqu’alors universel, est très enrichissant et fondateur pour nos enfants, c’est pour cela que l’amitié occupe une place essentielle dans leur vie : elle leur permet de s’ouvrir aux autres et de se construire dans ce rapport aux pairs.

Une émotion forte à apprivoiser

Mais parfois, cette confrontation à “l’autre” est trop brutale pour nos petits qui ne sont pas prêts à se lancer dans une relation si intense. Ils se sentent encore fragiles et choisissent d’être seuls : très déroutant pour nous, parents, d’entendre les enseignants de maternelle nous dire que notre enfant préfère être seul dans la cour et se raconte des histoires à lui-même ! Mais rassurez-vous, c’est en fait un grand signe de liberté : un enfant qui choisit délibérément d’être seul a souvent un monde imaginaire extrêmement riche et suit son instinct. Il sait qu’il a besoin de solitude pour se ressourcer et n’y voit heureusement pas encore l’injonction que nous, adultes, avons acquise au fil des ans qui affirme qu’être seul est signe d’une défaillance sociale. D’ailleurs, ces enfants-là sont rarement “seuls” : souvent, ils évoquent très librement leurs amis imaginaires qui servent de transition entre le cocon de la cellule familiale et “les autres”. Avoir un ami imaginaire leur permet de s’entraîner à ces relations sociales en élaborant des dialogues et des échanges, en imaginant une dispute, puis une réconciliation mais en tenant toutes les ficelles ! Un apprentissage fondateur.

Semblables ou différents ?

Car avoir un·e ami·e, c’est aussi élaborer un rapport miroir d’identification, de pair à pair, découvrir chez un autre enfant ce qui est différent ou semblable et tisser des liens sur ces similitudes, comme l’exprime Mila, 9 ans : « Un ami, c’est quelqu’un avec qui partager mes secrets ou discuter quand je suis triste, plutôt que de les garder pour moi parce qu’un adulte ça comprend  moins ce que les enfants vivent. Ok, les adultes sont passés par la case “enfant” mais ils se souviennent plus tellement. Et puis nous, c’est aussi une autre génération, alors c’est pas pareil. » Vivre les mêmes étapes et observer les réactions de ses pairs. L’être humain apprend par mimétisme : les relations d’amitié servent aussi de jauge pour se connaître et se construire, en opposition ou en imitation. C’est pour cette raison que les conflits entre enfants sont parfois si violents : en s’identifiant aux autres, ils associent leur image à celle du groupe et, lorsque celle-ci ne correspond pas à celle qu’ils ont d’eux-mêmes, l’affirmation de leur personnalité est menacée et leur réaction est brutale.

Plutôt meilleur.e ami.e ou plutôt “bande” ?

L’amitié tient une place centrale dans la vie de nos enfants. En fonction de leur personnalité, de leur place dans la fratrie, de leur confiance en eux, les enfants choisissent de créer, d’intégrer “une bande” ou d’avoir un·e ami·e unique, instaurant une relation qui adopte alors les codes des relations amoureuses : exclusive, souvent fusionnelle, mais tendant parfois à la jalousie. À nous de veiller à ce que ces relations intenses restent équilibrées et librement consenties des deux côtés. Car les premières amitiés sont fondatrices : beaucoup d’enfants restent fidèles à un petit noyau d’origine et il est surprenant de voir que l’évolution des personnalités de chacun parvient à ménager ces amitiés historiques. Les liens se resserrent ou se détendent, mais sont rarement totalement détruits, sauf si les valeurs essentielles divergent.

Une opportunité pour se connaître soi-même

Car construire et entretenir une amitié, c’est aussi affirmer sa personnalité et ses convictions : une appartenance à un groupe est un engagement personnel, le premier de la vie sociale de nos enfants. Ce qu’ils cherchent chez leurs amis, ce qu’ils ne tolèrent pas est un reflet d’eux-mêmes et de l’expression de leur personnalité. Les enfants qui sont amis “dans la vie” tolèrent souvent mal les divergences d’opinions des copains, et il leur faut un moment pour apprendre à dire « je ne suis pas d’accord avec l’idée d’Isaure » versus « je ne suis pas d’accord avec Isaure », une prise de distance essentielle pour accepter de ne pas partager toutes leurs opinions. Un grand pas de tolérance, salutaire dans la construction de leurs rapports à l’autre et de leur ouverture au monde.

Cap sur la Costa Daurada et PortAventura World

Une destination hors du commun

Le complexe de PortAventura World est situé à seulement quelques pas des jolies plages de Salou. Ce parc de loisirs s’est imposé comme une référence mondiale, et attire chaque année des millions de visiteurs venus des quatre coins d’Europe. Avec ses trois parcs à thème,
Ferrari Land, PortAventura Park et Caribe Aquatic Park, les expériences proposées sont tellement variées que chacun y trouve son bonheur, quel que soit son âge.

L’ado en quête de sensations fortes trouve son compte dans les attractions emblématiques telles que Shambhala ou Furius Baco. Les plus jeunes s’aventurent joyeusement dans l’univers coloré de SesamoAventura, tandis que les passionnés d’automobile peuvent s’immerger dans l’atmosphère italienne de Ferrari Land et de son attraction Red Force, la plus haute et la plus rapide d’Europe !

Un tour du monde sans quitter l’Espagne

L’originalité de PortAventura Park réside dans sa conception même : six zones thématiques permettent aux visiteurs de vivre un voyage à travers le monde. On passe ainsi des rues méditerranéennes aux villages polynésiens, avant de plonger dans l’ambiance du Far West.
Le dépaysement se poursuit avec l’exploration du Mexique traditionnel et de la Chine impériale. Chaque univers possède sa propre identité culinaire, prolongeant l’immersion culturelle jusque dans l’assiette. Le restaurant Iron House propose par exemple des spécialités du Far West tandis que le Racó de Mar fait honneur à la gastronomie méditerranéenne. 

Des spectacles époustouflants

Si l’adrénaline des manèges attire les visiteurs les spectacles proposés chaque jour fascinent et rivalisent avec les attractions. Aloha Tahiti transporte les spectateurs au cœur des îles polynésiennes avec ses danses traditionnelles envoûtantes. West Gold Frenzy nouvelle production palpitante mêle cascades humour et ambiance Far West pour un spectacle riche en adrénaline. Les plus jeunes quant à eux seront ravis de retrouver leurs personnages préférés lors de la Sesame Street Parade un défilé haut en couleurs et en bonne humeur.

Pour célébrer son trentième anniversaire le parc a innové avec un défilé inédit : la Birthday Parade un spectacle festif et coloré qui clôture chaque journée. Cette parade met en scène des chars spectaculaires représentant les différentes zones thématiques du parc accompagnés de danseurs et des personnages emblématiques tels que Woody Woodpecker et les héros de Sesame Street offrant aux visiteurs un moment magique alliant musique danse et lumière.Le Gran Teatre Imperial accueille désormais Un viaje fascinante un spectacle immersif dans les univers du parc. Quant au traditionnel show FiestAventura il s’enrichit d’une chorégraphie de drones pour une expérience encore plus saisissante.

L’été sous le signe de la glisse

Lorsque les températures grimpent, c’est vers Caribe Aquatic Park que se retrouvent les familles. Cette oasis tropicale offre en effet un cadre dépaysant et rafraîchissant où les différents bassins et les toboggans aquatiques font le bonheur des petits et des grands. Cascades, immenses piscines, végétation luxuriante et plages de sable blanc, le décor caribéen est plus vrai que nature, on s’y croirait…  De vrais moments de bonheur dont on se souvient longtemps !

 

INFOS PRATIQUES

Durée idéale du séjour : 3 jours et 2 nuits
Comment s’y rendre ? Depuis Barcelone, un trajet d’une heure (en train ou en voiture) vous mènera aux portes du parc. Des vols directs relient aussi Paris-Orly à l’aéroport de Reus, situé à 10 minutes en voiture du parc.
Où séjourner ? Une grande variété d’hébergements s’offre à vous. Pour profiter du parc avant même l’ouverture, choisissez l’un des six hôtels situés à l’intérieur du complexe. Pour vous imprégner de la culture locale et des soirées animées des villes voisines, optez pour l’un des quatre hôtels de la marque Ponient Hotels exploités par PortAventura World à Salou ou à Vila-seca.
Plus d’informations  : portaventuraworld.com

Une journée en famille dans la forêt de Fontainebleau

Comment s’y rendre ?

Depuis Paris, prenez le train à la Gare de Lyon (Ligne R) et descendez à Fontainebleau-Avon. En 40 minutes, vous y êtes ! Depuis la gare, plusieurs sentiers commencent à quelques minutes à pied.

Si vous partez un samedi, un dimanche ou un jour férié, deux trains au départ de la Gare de Lyon s’arrêtent entre deux stations au beau milieu de la forêt !  (Trains en direction de Montargis, départs à 8h 16 et 9h 16, arrêt Fontainebleau Forêt) Attention, cet arrêt n’est desservi que pour l’aller !

Avant de vous lancer, n’oubliez pas de passer par l’Office du tourisme, ils vous donneront une carte et vous renseigneront sur les circuits adaptés aux enfants.

Escalade de blocs

Pour débuter cette journée en beauté, initiez-vous à l’escalade ! La forêt de Fontainebleau regorge de blocs à grimper et avec Globe Climber, optez pour des circuits imaginés spécialement pour les enfants.

Plus d’informations sur fontainebleau.globeclimber.com

Village de Samois-sur-Seine

L’heure du petit déjeuner approche ? Il est temps de faire une halte au village de Samois-sur-Seine ! Explorez ses ruelles pavées et profitez des plaisirs d’un pique-nique en bord de Seine.  Du 26 au 29 juin, ne manquez pas le Festival Django Reinhardt !

Les sables du Cul-du-Chien

Une plage de sable fin en plein cœur de la forêt ? Non, vous ne rêvez pas ! C’est le moment idéal pour sortir de son sac sa serviette et ses jeux avant de reprendre sa route. Et pour les plus aventuriers d’entre vous, n’oubliez pas de grimper les nombreux blocs de la plage !

L’Éléphant de Larchant

Découvrez l’Éléphant de la forêt à seulement 10 minutes depuis Larchant ! Pour le trouver, suivez le sentier balisé et ouvrez très grand vos yeux…

Ile de loisirs de Bois-le-Roi

Les jambes commencent à fatiguer et le sentier vous semble beaucoup plus long que prévu ? Offrez-vous une pause bien méritée sur l’île de loisirs de Bois-le-Roi ! Avec ses tables de pique-nique et ses activités nautiques, cet arrêt redonnera de la force à vos troupes.

Tour Denecourt

Prenez de la hauteur et montez en haut de la Tour Denecourt, vous y découvrirez une vue à 360° sur la forêt !

Plus d’informations sur fontainebleau-tourisme.com

Champs de coquelicots

Pour les plus chanceux, découvrez une merveille de la nature : les champs de coquelicots. Mais n’essayez pas de les cueillir, elles faneraient aussi vite…

Que prendre dans son sac ?

      • Une gourde d’eau
      • Une paire de jumelles
      • Une petite trousse de secours dont un spray anti-moustiques
      • Une grande serviette et un pique-nique
      • Des lunettes de soleil
      • De la crème solaire
      • Une carte
      • Des jeux

Petit éloge de l’alloparentalité

L’alloparentalité réunit ceux qui s’occupent de l’enfant sans être ses parents biologiques. Ce concept n’est pas récent, il repose sur des traditions ancestrales. Dans son livre Comment nous sommes devenus humains, l’anthropologue et primatologue américaine Sarah Blaffer Hrdy affirme qu’on peut voir « la longue histoire de l’évolution humaine comme une sorte de coopérative de maternage – qui incluent pères, mères, oncles, grands-mères, frères et sœurs plus âgés – où chacun aide la mère à s’occuper du petit et à le nourrir ».

Dans notre société contemporaine, les assistantes maternelles et les structures d’accueil prennent le relais des familles. Service utile, certes, mais qui ne remplace pas l’entraide dont faisaient preuve nos lointains ancêtres. Le fait est que bien des parents se sentent dépourvus de cet entourage proche sur lequel s’appuyer. Les parents sont-ils plus seuls et plus vulnérables qu’avant ? En quoi cette part de collectif est-elle nécessaire à l’épanouissement d’un enfant et de ses parents ?

Après un séjour à la maternité de plus en plus court, les mères se retrouvent vite seules face à elles-mêmes dans un contexte émotionnel et physique particulier. L’éloignement de la famille ou les divergences éducatives ne permettent pas toujours de créer un climat suffisamment serein pour instaurer un relais. De plus, force est de constater que l’évolution de la famille, notamment la monoparentalité et les séparations, impacte l’équilibre psychique parental. Ainsi, la santé mentale des mères seules, parfois très isolées, peut se dégrader plus rapidement. La perte de confiance et la mésestime de soi, des troubles anxio-dépressifs et le sentiment d’altération des compétences parentales sont récurrents.

Outre la sollicitation constante par les enfants du parent solo, le manque de temps pour soi impacte ainsi la vie sociale, laissant peu ou pas de disponibilité pour sortir, pratiquer du sport, se ressourcer entre amie·s. Le temps est compté, les moments de répit pour certaines mères sont rares, voire inexistants. La précarité économique majore également les difficultés parentales, générant du manque, de la frustration et renforçant un sentiment de marginalité. Cette mutation du modèle de la famille nucléaire a fait émerger la notion de “burn-out parental” mettant en exergue l’épuisement psychique et physique. Quand un parent n’a que peu ou pas de soutien, la charge mentale devient parfois insoutenable.

Dans ce contexte, l’alloparentalité semble plus pertinente que jamais, car elle propose un soutien de proximité. Des communautés se créent aujourd’hui pour “faire famille”, rappelant l’importance de se rassembler pour partager les défis et les joies de la parentalité. Un parent qui s’entoure n’en reste pas moins un parent attentif à son enfant, même s’il délègue. Si la théorie de l’attachement souligne le rôle prépondérant de la mère, l’alloparentalité nuance le propos. Un enfant a besoin du décodage de ses besoins. Un parent démuni face aux pleurs incessants de son bébé peut se sentir soulagé par le relais d’une tierce personne, quels que soient les liens de filiation, qui accueillera cela avec sa personnalité et offrira ainsi au parent la possibilité de souffler et de revenir plus serein et plus disponible vers l’enfant. L’allomaternage permet ainsi à une mère de confier son enfant pour pouvoir elle-même combler ses besoins immédiats en sachant son enfant en sécurité physique et affective. En communauté, le relais est plus instantané et la préoccupation maternelle primaire plus élargie ; ainsi, l’enfant se tourne plus vite vers des figures d’attachement secondaires. La relation de confiance accordée par les parents à des pairs ouvre une dimension de confiance en autrui et tisse un filet de sécurité plus large.

La diversité des personnalités au sein d’un groupe d’alloparents est également bénéfique pour l’enfant, lui offrant une ouverture d’esprit et renforçant son empathie. En fréquentant plusieurs adultes, il développe une intelligence émotionnelle, une capacité à s’adapter, ainsi qu’une aisance sociale accrue. Dans un contexte multigénérationnel, les enfants bénéficient de modèles variés, acquérant une autonomie affective et une meilleure compréhension de l’environnement adulte, ce qui leur permet de grandir en confiance.

Cependant, pour que cette entraide soit vraiment bénéfique, il est essentiel que les membres de ce réseau partagent des valeurs éducatives communes ; un trop grand nombre de contradictions pourrait créer de la confusion pour l’enfant. Enfin, l’alloparentalité interpelle aussi sur le soin des parents eux-mêmes, car ils ont besoin de soutien pour se réaliser pleinement dans leur rôle. En bénéficiant de l’aide de leurs proches, ils peuvent se ressourcer et vivre la parentalité avec plus de sérénité, contribuant ainsi à un nécessaire retour aux sources dans notre société individualiste.

Chili, une aventure à hauteur d’enfant

 « Quand Lucas, 7 ans, a levé les yeux vers le ciel dans le désert d’Atacama, ses yeux brillaient autant que les étoiles », raconte Sophie, mère de deux enfants. Dans le désert le plus aride du monde, les observatoires astronomiques proposent des séances spécialement conçues pour les jeunes visiteurs. Une initiation à l’astronomie là où le ciel est réputé être le plus pur sur Terre, cela marque les esprits, des petits comme des grands !

Plus au sud, l’Araucanie dévoile ses forêts millénaires d’araucarias. Pilier de l’identité culturelle des Mapuches, garde-manger naturel, lien sacré avec leurs ancêtres, ces arbres qui peuvent atteindre 50 m sont présents sur Terre depuis plus de 200 millions d’années ! Une belle occasion d’évoquer avec les enfants la préservation de ces écosystèmes uniques. C’est dans le parc national de Conguillío, véritable joyau du Chili, que les forêts sont les plus majestueuses. « Pour que l’aventure soit encore plus riche, nous avons rencontré des membres de la communauté mapuche, un moment que les enfants ont adoré et qui les a beaucoup marqués », raconte Marc, père de jumeaux de 6 ans. De nombreuses familles proposent en effet des ateliers de cuisine ou des initiations à l’artisanat traditionnel qui permettent de découvrir les coutumes locales et d’établir un lien authentique avec la communauté mapuche.

La région des lacs et volcans autour de Pucón s’impose comme l’étape incontournable du voyage. Ici, la nature se fait terrain d’apprentissage : randonnées faciles au pied du volcan Villarrica, canoë sur le lac Tinquilco aux eaux cristallines, exploration de grottes de lave solidifiée… Grâce leur curiosité naturelle, les enfants apprennent tant en voyageant ! Ils découvrent ici la géologie en marchant sur les roches volcaniques, la faune en observant les oiseaux…

Le périple s’achève souvent sur l’archipel de Chiloé, aux portes de la Patagonie. Ses maisons sur pilotis colorées et ses églises en bois semblent sorties d’un livre de contes. Les plus petits se laisseront d’ailleurs émerveiller par les récits des créatures magiques qui peuplent le folklore de Chiloé. Pour les amateurs de faune, une excursion en bateau s’impose afin d’observer dauphins et manchots.

Le Chili, longtemps réservé aux voyageurs aguerris, s’ouvre aux familles, les enfants y sont bienvenus partout et les infrastructures leur sont désormais bien adaptées. Les vols intérieurs permettent d’éviter les longues distances, tandis que les hébergements familiaux de type “cabañas” offrent tout le confort nécessaire. La période idéale ? L’été austral, de décembre à février, quand les températures clémentes favorisent les activités en plein air. Un dépaysement enrichissant qui permet aux familles de sortir des sentiers battus et de créer des souvenirs impérissables.

Du ciel étoilé d’Atacama aux manchots de Chiloé, le Chili offre aux familles bien plus qu’un simple voyage : une aventure partagée où l’émerveillement des enfants fait écho à celui des parents. Une destination qui montre que les voyages au long cours peuvent aussi se vivre à hauteur d’enfant !


 POUR UN VOYAGE RÉUSSI EN FAMILLE

Timing idéal :

Décembre à février

Deux semaines pour profiter sans stresser

Avec les enfants :

Les vols intérieurs évitent la fatigue

Privilégiez les “cabañas” (chalets) avec cuisine

Prévoyez des vêtements pour tous les climats

Gardez du temps libre pour la détente


 

Les treize desserts de mon enfance

Il passait deux jours à préparer le repas du réveillon et le déjeuner du 25 décembre. Peu de variantes : tous les ans, on pouvait être certains de compter sur un foie gras exubérant – qu’il se targuait de faire mariner lui-même dans tout un tas d’épices plus ou moins bien dosées, le traditionnel chapon aux morilles, un plateau de fromages qui nous nourrirait matin, midi et soir pendant les huit jours qui nous sépareraient ensuite du Nouvel An, et la bûche du boulanger de la place de l’église, avec de petits personnages en plastique dessus. Et évidemment, l’incontournable table des treize desserts ! Je ne sais pas si cette table des treize desserts relevait pour lui d’une partie du repas ou s’il en allait juste d’une question de décoration.

Toujours est-il que tous les ans, immanquablement, aux alentours de 14 heures le 24 décembre, il dressait dans un coin, ce qui semblait être un petit autel aux dieux de la gourmandise. Tantôt sur un guéridon près de la table de la salle à manger, tantôt sur des étagères de la grande bibliothèque qui se trouvait pour l’occasion débarrassée de ses livres.

Je crois, au fond, qu’il prenait plaisir à mettre en place ce buffet coloré dans la pièce principale, car cela lançait un peu les festivités. Commençait alors pour nous un calvaire qui durait jusqu’au soir : nous avions interdiction d’y toucher avant le dîner ! Nous passions et repassions devant, admirant chaque élément. Rêvant devant le brillant des fruits confits, imaginant le moelleux des calissons, le fondant des énormes dattes Medjoul. L’odeur des oranges ou des clémentines envahissait tout. Il me faut dire la vérité, les treize desserts de mon enfance étaient parfois vingt-deux, ou sept, selon les années en fonction du temps qui avait pu leur être consacré.

Mon père privilégiait la quantité sur la qualité dans ces cas-là. Il valait mieux faire plus fou, plus coloré, plus énorme, quitte à sacrifier un peu sur le goût. Il fallait que ce soit festif, festif, festif. Et qui sait qui pouvait arriver ! À sa table, quand on préparait pour huit on pouvait nourrir trente. La famille, c’étaient les amis, les amis c’était la famille.

Et puis à Noël que diable, tout le monde était le bienvenu : les copains de ses enfants dont la famille vivait loin et qui n’avaient pas pu rentrer cette année, le charcutier du supermarché du village d’à côté qui avait confié passer Noël seul, la famille de potes qu’il hébergeait en attendant qu’ils retrouvent une maison. Tant de gens pouvaient être invités au dernier moment. Il fallait avoir de quoi les nourrir.

On n’a rarement eu 200 grammes de très bons petits chocolats, plutôt trois gros plats de confiseries de supermarché. Il n’y a jamais eu de fougasse, il y a toujours eu des litchis. Ce n’était pas exactement les desserts de la tradition. Ou en tout cas c’était ceux de la nôtre. Aujourd’hui que mon père n’est plus, je veille à entretenir sa mémoire au moins une fois par an, à Noël, lorsque c’est à présent mon tour de dresser la table des treize desserts. Je le fais avec mon style à moi, un peu moins brillant, bruyant, mais pas moins plein d’amour. Mes enfants adorent, et moi, de les voir comme ça tendre leurs petites mains vers un plat pour tenter de chiper un mendiant avant l’heure dite, j’ai les yeux qui brillent et je retrouve mon père.

Antoon Krings : susciter la curiosité et l’amour de la nature

  Comment commence une histoire ? 

Quand j’imagine une histoire et que je commence à la travailler, je me mets en “état d’enfance”. J’ai besoin de me retirer, de m’éloigner de ma vie d’adulte et de laisser vagabonder mon esprit, d’être très replié sur moi-même. Ce n’est pas une démarche égoïste, mais plutôt solitaire. J’ai conscience que ce sont des moments furtifs, fragiles. Retrouver cette enfance, nous pouvons tous y parvenir. Je ne pense pas à tous mes petits lecteurs quand j’écris une histoire, ce serait trop gênant, trop impressionnant. Je puise aufond de moi-même, dans mes souvenirs d’enfance pour retrouver des sensations : l’appréhension d

u monde par exemple. Parfois les souvenirs reviennent alimenter le cours d’une histoire. Je retrouve un sentiment de bien-être, à me dire que je suis dans un monde miniature, un monde parallèle. C’est très sécurisant. Je parle d’un “état d’enfance”, car il est important de pouvoir se projeter dans ces mondes parallèle

s et d’y croire profondément. Je ne peux pas consacrer trois mois à construire une histoire si elle me semble bancale, ou si le personnage ne me paraît pas juste. C’est une quête, l’attente d’une image. J’essaye toujours d’explorer, à la manière d’un aventurier dans une jungle. Mon travail est avant tout un travail personnel que je vais ensuite partager avec les enfants. Quand le livre est imprimé, il ne m’appartient plus vraiment. Il appartient aux enfants, ils en font ce qu’ils en veulent. 

Quel lecteur étiez-vous, enfant ?  

J’aimais beaucoup les livres d’images, une passion quej’ai toujours gardée, même une fois jeune adulte. J’ai grandi avec de très beaux albums, mais il n’y en avait pas autant qu’aujourd’hui. Je me souviens notamment des albums du Père Castor, illustrés par de grands dessinateurs. Je trouvais qu’être du point de vue de l’animal était passionnant. Les descriptions sont vraies, justes, très bien écrites. On peut même s’identifier aux personnages, les humaniser. 

Vous allez à la rencontre des enfants depuis trente ans, sont-ils les mêmes aujourd’hui et quel regard portez-vous sur cette enfance ultra-connectée ? 

Je pense que le monde de l’enfance est fragile et fragilisé. Je ne suis pas sûr que le monde dans lequel on vit soit très bon pour leur épanouissement. On commence à avoir un peu de recul, pour éviter l’exposition des enfants aux écrans. Je trouve cela tout à fait justifié, car il est très difficile pour les parents et pour les enfants d’ailleurs d’échapper à ce monde hyperconnecté. Bien souvent, cela me met en rage de voir qu’on met un portable entre les mains d’un enfant pour le calmer. Lorsque ma fille était petite, il y avait la presse, des journaux. Le monde change très vite et on est seulement en train de prendre conscience des dégâts. 

En faisant des livres, j’espère pouvoir transmettre aux enfants le goût de la lecture et de l’image, leur permettre d’avoir un autre regard. Je fais des films d’animation et ne condamne pas totalement les écrans mais je pense que cela doit être sous contrôle. Actuellement, on engendre des personnes dépendantes.

Cela me rassure de savoir que mes livres continuent à se vendre. Cela montre que la sensibilité persiste. Être dans la durée permet une forme de transmission. Un jeune homme m’a raconté que son goût pour les sciences naturelles – il veut devenir médecin – lui vient de mes livres ! C’était extrêmement touchant. Mes premiers lecteurs ont gardé de la tendresse pour cet univers. Ils ont gardé mes livres précieusement comme s’ils portaient un peu de leur enfance à eux… 

Décrivez-nous le jardin de vos Drôles de Petites Bêtes. 

Je l’imagine clos par des murs, mais ouvert au monde : chacun peut le traverser. C’est aussi un refuge, très rassurant, éclairé et lumineux ; pourtant, il est au cœur d’un décor très impressionnant : des arbres majestueux l’entourent. J’aime ce contraste, c’est-à-dire la luminosité d’un jardin, le côté rassurant qui invite à la méditation ou au bonheur, au bien-être et au rêve, et ces arbres peut-être un peu plus inquiétants. C’est le royaume des ombres, des contes où se tiennent nos peurs. J’ai éprouvé cela, enfant, cette appréhension de se retrouver seul dans un jardin. L’imagination se met en route. J’aime cette ambivalence.

Votre travail consiste aussi à amener les enfants à créer leur propre jardin ? 

Oui, cet imaginaire n’a d’intérêt que si l’enfant est réceptif et peut développer son propre imaginaire. Pour une même image dans un album, chacun a une lecture ou une interprétation différentes. Quand on est adulte, on a une lecture autre des albums, plus proche des contes ou des fables. Raconter des histoires aux enfants, c’est nourrir leur imaginaire. Je cherche à susciter chez l’enfant l’envie, la curiosité, l’amour de la nature et des choses simples. Je prône aussi la paresse depuis longtemps car je la trouve constructive. Elle développe l’imagination et nourrit les inventions. J’observe souvent les enfants quand ils jouent. Il peut se passer n’importe quoi autour d’eux. Ils sont ailleurs, dans leur bulle.

Pourquoi avoir choisi de si petits animaux ? 

Tout a commencé avec Mireille l’abeille ; les enfants ont souvent peur des insectes qui piquent. Les insectes ont très mauvaise réputation, comme beaucoup d’animaux d’ailleurs, souvent à tort. Cela vient finalement de la méconnaissance qu’ont les enfants de la nature. À travers mes histoires, je souhaite que les enfants développent cette curiosité. Pour mes livres, je m’inspire beaucoup de scientifiques ou d’écrivains ayant écrit sur les animaux. Je me nourris de ces lectures ; même si mes personnages sont doués de parole, portent des vêtements, il est très important pour moi de ne pas trahir l’animal que je représente. Je ne veux pas trop les transformer. Au début, Mireille l’abeille et Loulou le pou étaient des personnages un peu “cartoonesques” mais je me suis éloigné de cette représentation. C’était il y a trente ans et j’ai grandi avec ma collection. La beauté animale est quelque chose qui m’a toujours touché et intéressé. Enfant, je dessinais souvent des animaux avec une approche quasi scientifique. J’aime beaucoup les livres de sciences naturelles, la représentation d’une aile de papillon par exemple est d’une extraordinaire beauté.
Et quel plaisir de la peindre, de retrouver son côté à la fois moiré, velouté. Tout comme mes textes, je n’ai pas envie de simplifier ou d’édulcorer les images. J’ai envie de retrouver ces sensations de matières, de textures. 

Dernier ouvrage paru : Lily pissenlit, Antoon Krings, Gallimard Giboulées, 2024.

Susie Morgenstern, Grande Ourse 2024 du Salon du livre jeunesse de Montreuil

Trois questions à Susie Morgenstern… L’exercice paraît incongru, tant sa langue est déliée, son geste exubérant et son écriture prolixe ! En 2021, elle publiait Mes 18 exils, sa joyeuse autobiographie aux éditions L’Iconoclaste…

À quoi ressemblait votre enfance aux États-Unis ? 

J’ai baigné dans le bonheur toute mon enfance, entourée de femmes, de chants et de danse : avec ma mère et mes deux sœurs, nous formions un clan ! Les garçons n’existaient pas dans notre univers et pendant longtemps, c’était un territoire hostile, étranger, inconnu. 

Vous n’allez pas le croire, mais j’étais la plus timide ! Ma mère avait quant à elle une grande personnalité, une vitalité, elle nous a nourri de sa confiance, nous l’a transmise en masse, ce que je fais moi-même aujourd’hui dans mes livres à travers des héroïnes fonceuses comme Margot Mégalo (son mot d’ordre est « fonce et tais-toi ») ou ma petite dernière, Perla. 

Dans ce matriarcat haut en couleur, j’étais quelque peu raillée pour mon goût immodéré pour l’étude. J’écrivais, je lisais constamment, et je ne savais exprimer ma créativité autrement qu’avec un crayon et une feuille de papier. Ma mère disait que je ne trouverais jamais un mari comme cela ! Nous étions dans les années 50, et c’était notre rêve à toutes : attraper un petit bonhomme, se marier avec et faire de gros bébés ! Aujourd’hui, grâce à mes petites filles, j’apprends la condition féminine mais à l’époque, je vivais dans cette certitude que là résidait le but de la vie, même si j’ai été élevée dans l’idée que les femmes étaient les plus fortes…

Pour une jeune fille timide, vous avez pourtant fait preuve d’audace ! Je pense par exemple à votre exil en Europe, par amour.

Certes, mais j’étais inconsciente ! Et ce qui est inconscient ne peut être audacieux (rires).

Mais finalement, qu’est-ce que l’audace ? C’est une question que j’ai posée très innocemment en tant que membre du jury pour le prix de l’Audace de la fondation Culture et diversité, qui donne trois prix par an. Ma question a provoqué la gêne car elle a été perçue comme une critique, pourtant elle était très innocente ! L’audace, c’est oser sortir de ses gonds, s’adresser à un inconnu… Écrire un livre aussi est audacieux, puisqu’on s’expose à des critiques.

Mais je ne me perçois pas comme particulièrement audacieuse. Mes deux sœurs, elles, sont des modèles d’audace ! Essie, l’aînée, a une place très importante dans ma vie d’enfant et ma vie d’adulte ! Sa bonne humeur était inégalable, elle avait une complicité immédiate avec chaque être humain. Elle est maintenant une star en Israël, mais on se parle encore 10, 20 fois par jour ! Sandra, elle, a l’immense pouvoir de ne pas se soucier de ce qu’on pense d’elle : moi si sage, craintive, obéissante, je ne comprenais pas comment elle pouvait être aussi effrontée, culottée, audacieuse.

Pensez-vous qu’aujourd’hui il faille éduquer les filles à l’audace ?

Il faut l’encourager ! Si j’ai un regret dans la vie, c’est de ne pas avoir posé des questions. Je repense à mon père que je ne connaissais guère, je ne savais pas ce qu’il pensait. 

Et ma grand-mère qui a quitté Odessa en bateau pour venir en Amérique toute seule à 14 ans ! Je donnerais cher pour savoir dans quel état d’esprit elle était à ce moment, ce qu’elle a dû traverser, comment est-ce qu’elle a survécu ? Je n’ai jamais osé poser ces questions… Elle était pourtant présente dans ma vie d’enfant, mais je ne savais rien d’elle, de sa vie de jeune fille puis de femme.

J’encourage beaucoup les gens à poser des questions, à faire preuve de cette audace-là, car c’est bien de l’audace. La parole fait bouger les choses. Elle n’est pas forcément grave ; d’ailleurs, il faut s’en amuser au quotidien, comme une invitation à aller au-delà du discours convenu, au-delà du miroir, franchir la pudeur…


Susie Morgenstern est une autrice pour enfants de nationalité américaine et française. Elle a écrit de nombreux livres, la plupart parus à L’École des loisirs, dont certains récompensés par des prix et devenus depuis des références dans le monde de la littérature de jeunesse : Un anniversaire en pomme de terre (1983), La Sixième (1985), C’est pas juste (1990), La première fois que j’ai eu 16 ans (1990), Lettres d’amour de 0 à 10 (1996), Confession d’une grosse patate (2003)…