Petit éloge de l’alloparentalité

L’alloparentalité réunit ceux qui s’occupent de l’enfant sans être ses parents biologiques. Ce concept n’est pas récent, il repose sur des traditions ancestrales. Dans son livre Comment nous sommes devenus humains, l’anthropologue et primatologue américaine Sarah Blaffer Hrdy affirme qu’on peut voir « la longue histoire de l’évolution humaine comme une sorte de coopérative de maternage – qui incluent pères, mères, oncles, grands-mères, frères et sœurs plus âgés – où chacun aide la mère à s’occuper du petit et à le nourrir ».

Dans notre société contemporaine, les assistantes maternelles et les structures d’accueil prennent le relais des familles. Service utile, certes, mais qui ne remplace pas l’entraide dont faisaient preuve nos lointains ancêtres. Le fait est que bien des parents se sentent dépourvus de cet entourage proche sur lequel s’appuyer. Les parents sont-ils plus seuls et plus vulnérables qu’avant ? En quoi cette part de collectif est-elle nécessaire à l’épanouissement d’un enfant et de ses parents ?

Après un séjour à la maternité de plus en plus court, les mères se retrouvent vite seules face à elles-mêmes dans un contexte émotionnel et physique particulier. L’éloignement de la famille ou les divergences éducatives ne permettent pas toujours de créer un climat suffisamment serein pour instaurer un relais. De plus, force est de constater que l’évolution de la famille, notamment la monoparentalité et les séparations, impacte l’équilibre psychique parental. Ainsi, la santé mentale des mères seules, parfois très isolées, peut se dégrader plus rapidement. La perte de confiance et la mésestime de soi, des troubles anxio-dépressifs et le sentiment d’altération des compétences parentales sont récurrents.

Outre la sollicitation constante par les enfants du parent solo, le manque de temps pour soi impacte ainsi la vie sociale, laissant peu ou pas de disponibilité pour sortir, pratiquer du sport, se ressourcer entre amie·s. Le temps est compté, les moments de répit pour certaines mères sont rares, voire inexistants. La précarité économique majore également les difficultés parentales, générant du manque, de la frustration et renforçant un sentiment de marginalité. Cette mutation du modèle de la famille nucléaire a fait émerger la notion de “burn-out parental” mettant en exergue l’épuisement psychique et physique. Quand un parent n’a que peu ou pas de soutien, la charge mentale devient parfois insoutenable.

Dans ce contexte, l’alloparentalité semble plus pertinente que jamais, car elle propose un soutien de proximité. Des communautés se créent aujourd’hui pour “faire famille”, rappelant l’importance de se rassembler pour partager les défis et les joies de la parentalité. Un parent qui s’entoure n’en reste pas moins un parent attentif à son enfant, même s’il délègue. Si la théorie de l’attachement souligne le rôle prépondérant de la mère, l’alloparentalité nuance le propos. Un enfant a besoin du décodage de ses besoins. Un parent démuni face aux pleurs incessants de son bébé peut se sentir soulagé par le relais d’une tierce personne, quels que soient les liens de filiation, qui accueillera cela avec sa personnalité et offrira ainsi au parent la possibilité de souffler et de revenir plus serein et plus disponible vers l’enfant. L’allomaternage permet ainsi à une mère de confier son enfant pour pouvoir elle-même combler ses besoins immédiats en sachant son enfant en sécurité physique et affective. En communauté, le relais est plus instantané et la préoccupation maternelle primaire plus élargie ; ainsi, l’enfant se tourne plus vite vers des figures d’attachement secondaires. La relation de confiance accordée par les parents à des pairs ouvre une dimension de confiance en autrui et tisse un filet de sécurité plus large.

La diversité des personnalités au sein d’un groupe d’alloparents est également bénéfique pour l’enfant, lui offrant une ouverture d’esprit et renforçant son empathie. En fréquentant plusieurs adultes, il développe une intelligence émotionnelle, une capacité à s’adapter, ainsi qu’une aisance sociale accrue. Dans un contexte multigénérationnel, les enfants bénéficient de modèles variés, acquérant une autonomie affective et une meilleure compréhension de l’environnement adulte, ce qui leur permet de grandir en confiance.

Cependant, pour que cette entraide soit vraiment bénéfique, il est essentiel que les membres de ce réseau partagent des valeurs éducatives communes ; un trop grand nombre de contradictions pourrait créer de la confusion pour l’enfant. Enfin, l’alloparentalité interpelle aussi sur le soin des parents eux-mêmes, car ils ont besoin de soutien pour se réaliser pleinement dans leur rôle. En bénéficiant de l’aide de leurs proches, ils peuvent se ressourcer et vivre la parentalité avec plus de sérénité, contribuant ainsi à un nécessaire retour aux sources dans notre société individualiste.

Chili, une aventure à hauteur d’enfant

 « Quand Lucas, 7 ans, a levé les yeux vers le ciel dans le désert d’Atacama, ses yeux brillaient autant que les étoiles », raconte Sophie, mère de deux enfants. Dans le désert le plus aride du monde, les observatoires astronomiques proposent des séances spécialement conçues pour les jeunes visiteurs. Une initiation à l’astronomie là où le ciel est réputé être le plus pur sur Terre, cela marque les esprits, des petits comme des grands !

Plus au sud, l’Araucanie dévoile ses forêts millénaires d’araucarias. Pilier de l’identité culturelle des Mapuches, garde-manger naturel, lien sacré avec leurs ancêtres, ces arbres qui peuvent atteindre 50 m sont présents sur Terre depuis plus de 200 millions d’années ! Une belle occasion d’évoquer avec les enfants la préservation de ces écosystèmes uniques. C’est dans le parc national de Conguillío, véritable joyau du Chili, que les forêts sont les plus majestueuses. « Pour que l’aventure soit encore plus riche, nous avons rencontré des membres de la communauté mapuche, un moment que les enfants ont adoré et qui les a beaucoup marqués », raconte Marc, père de jumeaux de 6 ans. De nombreuses familles proposent en effet des ateliers de cuisine ou des initiations à l’artisanat traditionnel qui permettent de découvrir les coutumes locales et d’établir un lien authentique avec la communauté mapuche.

La région des lacs et volcans autour de Pucón s’impose comme l’étape incontournable du voyage. Ici, la nature se fait terrain d’apprentissage : randonnées faciles au pied du volcan Villarrica, canoë sur le lac Tinquilco aux eaux cristallines, exploration de grottes de lave solidifiée… Grâce leur curiosité naturelle, les enfants apprennent tant en voyageant ! Ils découvrent ici la géologie en marchant sur les roches volcaniques, la faune en observant les oiseaux…

Le périple s’achève souvent sur l’archipel de Chiloé, aux portes de la Patagonie. Ses maisons sur pilotis colorées et ses églises en bois semblent sorties d’un livre de contes. Les plus petits se laisseront d’ailleurs émerveiller par les récits des créatures magiques qui peuplent le folklore de Chiloé. Pour les amateurs de faune, une excursion en bateau s’impose afin d’observer dauphins et manchots.

Le Chili, longtemps réservé aux voyageurs aguerris, s’ouvre aux familles, les enfants y sont bienvenus partout et les infrastructures leur sont désormais bien adaptées. Les vols intérieurs permettent d’éviter les longues distances, tandis que les hébergements familiaux de type “cabañas” offrent tout le confort nécessaire. La période idéale ? L’été austral, de décembre à février, quand les températures clémentes favorisent les activités en plein air. Un dépaysement enrichissant qui permet aux familles de sortir des sentiers battus et de créer des souvenirs impérissables.

Du ciel étoilé d’Atacama aux manchots de Chiloé, le Chili offre aux familles bien plus qu’un simple voyage : une aventure partagée où l’émerveillement des enfants fait écho à celui des parents. Une destination qui montre que les voyages au long cours peuvent aussi se vivre à hauteur d’enfant !


 POUR UN VOYAGE RÉUSSI EN FAMILLE

Timing idéal :

Décembre à février

Deux semaines pour profiter sans stresser

Avec les enfants :

Les vols intérieurs évitent la fatigue

Privilégiez les “cabañas” (chalets) avec cuisine

Prévoyez des vêtements pour tous les climats

Gardez du temps libre pour la détente


 

Les treize desserts de mon enfance

Il passait deux jours à préparer le repas du réveillon et le déjeuner du 25 décembre. Peu de variantes : tous les ans, on pouvait être certains de compter sur un foie gras exubérant – qu’il se targuait de faire mariner lui-même dans tout un tas d’épices plus ou moins bien dosées, le traditionnel chapon aux morilles, un plateau de fromages qui nous nourrirait matin, midi et soir pendant les huit jours qui nous sépareraient ensuite du Nouvel An, et la bûche du boulanger de la place de l’église, avec de petits personnages en plastique dessus. Et évidemment, l’incontournable table des treize desserts ! Je ne sais pas si cette table des treize desserts relevait pour lui d’une partie du repas ou s’il en allait juste d’une question de décoration.

Toujours est-il que tous les ans, immanquablement, aux alentours de 14 heures le 24 décembre, il dressait dans un coin, ce qui semblait être un petit autel aux dieux de la gourmandise. Tantôt sur un guéridon près de la table de la salle à manger, tantôt sur des étagères de la grande bibliothèque qui se trouvait pour l’occasion débarrassée de ses livres.

Je crois, au fond, qu’il prenait plaisir à mettre en place ce buffet coloré dans la pièce principale, car cela lançait un peu les festivités. Commençait alors pour nous un calvaire qui durait jusqu’au soir : nous avions interdiction d’y toucher avant le dîner ! Nous passions et repassions devant, admirant chaque élément. Rêvant devant le brillant des fruits confits, imaginant le moelleux des calissons, le fondant des énormes dattes Medjoul. L’odeur des oranges ou des clémentines envahissait tout. Il me faut dire la vérité, les treize desserts de mon enfance étaient parfois vingt-deux, ou sept, selon les années en fonction du temps qui avait pu leur être consacré.

Mon père privilégiait la quantité sur la qualité dans ces cas-là. Il valait mieux faire plus fou, plus coloré, plus énorme, quitte à sacrifier un peu sur le goût. Il fallait que ce soit festif, festif, festif. Et qui sait qui pouvait arriver ! À sa table, quand on préparait pour huit on pouvait nourrir trente. La famille, c’étaient les amis, les amis c’était la famille.

Et puis à Noël que diable, tout le monde était le bienvenu : les copains de ses enfants dont la famille vivait loin et qui n’avaient pas pu rentrer cette année, le charcutier du supermarché du village d’à côté qui avait confié passer Noël seul, la famille de potes qu’il hébergeait en attendant qu’ils retrouvent une maison. Tant de gens pouvaient être invités au dernier moment. Il fallait avoir de quoi les nourrir.

On n’a rarement eu 200 grammes de très bons petits chocolats, plutôt trois gros plats de confiseries de supermarché. Il n’y a jamais eu de fougasse, il y a toujours eu des litchis. Ce n’était pas exactement les desserts de la tradition. Ou en tout cas c’était ceux de la nôtre. Aujourd’hui que mon père n’est plus, je veille à entretenir sa mémoire au moins une fois par an, à Noël, lorsque c’est à présent mon tour de dresser la table des treize desserts. Je le fais avec mon style à moi, un peu moins brillant, bruyant, mais pas moins plein d’amour. Mes enfants adorent, et moi, de les voir comme ça tendre leurs petites mains vers un plat pour tenter de chiper un mendiant avant l’heure dite, j’ai les yeux qui brillent et je retrouve mon père.

Antoon Krings : susciter la curiosité et l’amour de la nature

  Comment commence une histoire ? 

Quand j’imagine une histoire et que je commence à la travailler, je me mets en “état d’enfance”. J’ai besoin de me retirer, de m’éloigner de ma vie d’adulte et de laisser vagabonder mon esprit, d’être très replié sur moi-même. Ce n’est pas une démarche égoïste, mais plutôt solitaire. J’ai conscience que ce sont des moments furtifs, fragiles. Retrouver cette enfance, nous pouvons tous y parvenir. Je ne pense pas à tous mes petits lecteurs quand j’écris une histoire, ce serait trop gênant, trop impressionnant. Je puise aufond de moi-même, dans mes souvenirs d’enfance pour retrouver des sensations : l’appréhension d

u monde par exemple. Parfois les souvenirs reviennent alimenter le cours d’une histoire. Je retrouve un sentiment de bien-être, à me dire que je suis dans un monde miniature, un monde parallèle. C’est très sécurisant. Je parle d’un “état d’enfance”, car il est important de pouvoir se projeter dans ces mondes parallèle

s et d’y croire profondément. Je ne peux pas consacrer trois mois à construire une histoire si elle me semble bancale, ou si le personnage ne me paraît pas juste. C’est une quête, l’attente d’une image. J’essaye toujours d’explorer, à la manière d’un aventurier dans une jungle. Mon travail est avant tout un travail personnel que je vais ensuite partager avec les enfants. Quand le livre est imprimé, il ne m’appartient plus vraiment. Il appartient aux enfants, ils en font ce qu’ils en veulent. 

Quel lecteur étiez-vous, enfant ?  

J’aimais beaucoup les livres d’images, une passion quej’ai toujours gardée, même une fois jeune adulte. J’ai grandi avec de très beaux albums, mais il n’y en avait pas autant qu’aujourd’hui. Je me souviens notamment des albums du Père Castor, illustrés par de grands dessinateurs. Je trouvais qu’être du point de vue de l’animal était passionnant. Les descriptions sont vraies, justes, très bien écrites. On peut même s’identifier aux personnages, les humaniser. 

Vous allez à la rencontre des enfants depuis trente ans, sont-ils les mêmes aujourd’hui et quel regard portez-vous sur cette enfance ultra-connectée ? 

Je pense que le monde de l’enfance est fragile et fragilisé. Je ne suis pas sûr que le monde dans lequel on vit soit très bon pour leur épanouissement. On commence à avoir un peu de recul, pour éviter l’exposition des enfants aux écrans. Je trouve cela tout à fait justifié, car il est très difficile pour les parents et pour les enfants d’ailleurs d’échapper à ce monde hyperconnecté. Bien souvent, cela me met en rage de voir qu’on met un portable entre les mains d’un enfant pour le calmer. Lorsque ma fille était petite, il y avait la presse, des journaux. Le monde change très vite et on est seulement en train de prendre conscience des dégâts. 

En faisant des livres, j’espère pouvoir transmettre aux enfants le goût de la lecture et de l’image, leur permettre d’avoir un autre regard. Je fais des films d’animation et ne condamne pas totalement les écrans mais je pense que cela doit être sous contrôle. Actuellement, on engendre des personnes dépendantes.

Cela me rassure de savoir que mes livres continuent à se vendre. Cela montre que la sensibilité persiste. Être dans la durée permet une forme de transmission. Un jeune homme m’a raconté que son goût pour les sciences naturelles – il veut devenir médecin – lui vient de mes livres ! C’était extrêmement touchant. Mes premiers lecteurs ont gardé de la tendresse pour cet univers. Ils ont gardé mes livres précieusement comme s’ils portaient un peu de leur enfance à eux… 

Décrivez-nous le jardin de vos Drôles de Petites Bêtes. 

Je l’imagine clos par des murs, mais ouvert au monde : chacun peut le traverser. C’est aussi un refuge, très rassurant, éclairé et lumineux ; pourtant, il est au cœur d’un décor très impressionnant : des arbres majestueux l’entourent. J’aime ce contraste, c’est-à-dire la luminosité d’un jardin, le côté rassurant qui invite à la méditation ou au bonheur, au bien-être et au rêve, et ces arbres peut-être un peu plus inquiétants. C’est le royaume des ombres, des contes où se tiennent nos peurs. J’ai éprouvé cela, enfant, cette appréhension de se retrouver seul dans un jardin. L’imagination se met en route. J’aime cette ambivalence.

Votre travail consiste aussi à amener les enfants à créer leur propre jardin ? 

Oui, cet imaginaire n’a d’intérêt que si l’enfant est réceptif et peut développer son propre imaginaire. Pour une même image dans un album, chacun a une lecture ou une interprétation différentes. Quand on est adulte, on a une lecture autre des albums, plus proche des contes ou des fables. Raconter des histoires aux enfants, c’est nourrir leur imaginaire. Je cherche à susciter chez l’enfant l’envie, la curiosité, l’amour de la nature et des choses simples. Je prône aussi la paresse depuis longtemps car je la trouve constructive. Elle développe l’imagination et nourrit les inventions. J’observe souvent les enfants quand ils jouent. Il peut se passer n’importe quoi autour d’eux. Ils sont ailleurs, dans leur bulle.

Pourquoi avoir choisi de si petits animaux ? 

Tout a commencé avec Mireille l’abeille ; les enfants ont souvent peur des insectes qui piquent. Les insectes ont très mauvaise réputation, comme beaucoup d’animaux d’ailleurs, souvent à tort. Cela vient finalement de la méconnaissance qu’ont les enfants de la nature. À travers mes histoires, je souhaite que les enfants développent cette curiosité. Pour mes livres, je m’inspire beaucoup de scientifiques ou d’écrivains ayant écrit sur les animaux. Je me nourris de ces lectures ; même si mes personnages sont doués de parole, portent des vêtements, il est très important pour moi de ne pas trahir l’animal que je représente. Je ne veux pas trop les transformer. Au début, Mireille l’abeille et Loulou le pou étaient des personnages un peu “cartoonesques” mais je me suis éloigné de cette représentation. C’était il y a trente ans et j’ai grandi avec ma collection. La beauté animale est quelque chose qui m’a toujours touché et intéressé. Enfant, je dessinais souvent des animaux avec une approche quasi scientifique. J’aime beaucoup les livres de sciences naturelles, la représentation d’une aile de papillon par exemple est d’une extraordinaire beauté.
Et quel plaisir de la peindre, de retrouver son côté à la fois moiré, velouté. Tout comme mes textes, je n’ai pas envie de simplifier ou d’édulcorer les images. J’ai envie de retrouver ces sensations de matières, de textures. 

Dernier ouvrage paru : Lily pissenlit, Antoon Krings, Gallimard Giboulées, 2024.

Susie Morgenstern, Grande Ourse 2024 du Salon du livre jeunesse de Montreuil

Trois questions à Susie Morgenstern… L’exercice paraît incongru, tant sa langue est déliée, son geste exubérant et son écriture prolixe ! En 2021, elle publiait Mes 18 exils, sa joyeuse autobiographie aux éditions L’Iconoclaste…

À quoi ressemblait votre enfance aux États-Unis ? 

J’ai baigné dans le bonheur toute mon enfance, entourée de femmes, de chants et de danse : avec ma mère et mes deux sœurs, nous formions un clan ! Les garçons n’existaient pas dans notre univers et pendant longtemps, c’était un territoire hostile, étranger, inconnu. 

Vous n’allez pas le croire, mais j’étais la plus timide ! Ma mère avait quant à elle une grande personnalité, une vitalité, elle nous a nourri de sa confiance, nous l’a transmise en masse, ce que je fais moi-même aujourd’hui dans mes livres à travers des héroïnes fonceuses comme Margot Mégalo (son mot d’ordre est « fonce et tais-toi ») ou ma petite dernière, Perla. 

Dans ce matriarcat haut en couleur, j’étais quelque peu raillée pour mon goût immodéré pour l’étude. J’écrivais, je lisais constamment, et je ne savais exprimer ma créativité autrement qu’avec un crayon et une feuille de papier. Ma mère disait que je ne trouverais jamais un mari comme cela ! Nous étions dans les années 50, et c’était notre rêve à toutes : attraper un petit bonhomme, se marier avec et faire de gros bébés ! Aujourd’hui, grâce à mes petites filles, j’apprends la condition féminine mais à l’époque, je vivais dans cette certitude que là résidait le but de la vie, même si j’ai été élevée dans l’idée que les femmes étaient les plus fortes…

Pour une jeune fille timide, vous avez pourtant fait preuve d’audace ! Je pense par exemple à votre exil en Europe, par amour.

Certes, mais j’étais inconsciente ! Et ce qui est inconscient ne peut être audacieux (rires).

Mais finalement, qu’est-ce que l’audace ? C’est une question que j’ai posée très innocemment en tant que membre du jury pour le prix de l’Audace de la fondation Culture et diversité, qui donne trois prix par an. Ma question a provoqué la gêne car elle a été perçue comme une critique, pourtant elle était très innocente ! L’audace, c’est oser sortir de ses gonds, s’adresser à un inconnu… Écrire un livre aussi est audacieux, puisqu’on s’expose à des critiques.

Mais je ne me perçois pas comme particulièrement audacieuse. Mes deux sœurs, elles, sont des modèles d’audace ! Essie, l’aînée, a une place très importante dans ma vie d’enfant et ma vie d’adulte ! Sa bonne humeur était inégalable, elle avait une complicité immédiate avec chaque être humain. Elle est maintenant une star en Israël, mais on se parle encore 10, 20 fois par jour ! Sandra, elle, a l’immense pouvoir de ne pas se soucier de ce qu’on pense d’elle : moi si sage, craintive, obéissante, je ne comprenais pas comment elle pouvait être aussi effrontée, culottée, audacieuse.

Pensez-vous qu’aujourd’hui il faille éduquer les filles à l’audace ?

Il faut l’encourager ! Si j’ai un regret dans la vie, c’est de ne pas avoir posé des questions. Je repense à mon père que je ne connaissais guère, je ne savais pas ce qu’il pensait. 

Et ma grand-mère qui a quitté Odessa en bateau pour venir en Amérique toute seule à 14 ans ! Je donnerais cher pour savoir dans quel état d’esprit elle était à ce moment, ce qu’elle a dû traverser, comment est-ce qu’elle a survécu ? Je n’ai jamais osé poser ces questions… Elle était pourtant présente dans ma vie d’enfant, mais je ne savais rien d’elle, de sa vie de jeune fille puis de femme.

J’encourage beaucoup les gens à poser des questions, à faire preuve de cette audace-là, car c’est bien de l’audace. La parole fait bouger les choses. Elle n’est pas forcément grave ; d’ailleurs, il faut s’en amuser au quotidien, comme une invitation à aller au-delà du discours convenu, au-delà du miroir, franchir la pudeur…


Susie Morgenstern est une autrice pour enfants de nationalité américaine et française. Elle a écrit de nombreux livres, la plupart parus à L’École des loisirs, dont certains récompensés par des prix et devenus depuis des références dans le monde de la littérature de jeunesse : Un anniversaire en pomme de terre (1983), La Sixième (1985), C’est pas juste (1990), La première fois que j’ai eu 16 ans (1990), Lettres d’amour de 0 à 10 (1996), Confession d’une grosse patate (2003)…

Manuel de survie face aux harceleurs

Vous n’êtes pas seuls
Les enfants et les ados de cette BD sont passés près du gouffre. Leurs cas, inspirés d’histoire vraies, nous montrent l’infernale mécanique du harcèlement et le désarroi des adultes. Car malgré les efforts des parents et des institutions, les cas de harcèlement augmentent : 22 % des élèves s’en déclarent victimes et, souvent, n’osent pas en parler aux adultes.

Qu’est-ce qui marche vraiment ?
Les méthodes actuelles – sanctions, pratiques réparatrices, médiation ou préoccupation partagée – ne fonctionnent pas. Pire, elles conduisent à des comportements plus sournois. Pourquoi ? Parce que, chaque fois, on intervient à la place de l’enfant victime.

Changer de méthode
Cette BD montre que cest en outillant la personne victime qu’on peut casser la relation harceleur-harcelé. Si on l’aide à développer sa confiance en soi et ses compétences, on lui permet de faire face et de désamorcer la mécanique. Cette méthode révolutionne l’approche du problème.

 

Manuel de survie pour faire face aux harceleurs et autres brutes de la cour d’école, Emmanuelle Pique, Jean-François Marmion, Camille Blandin, Les Arènes, 2024.

Un livre pour parler du harcèlement aux enfants

Ce livre s’inspire d’une part de la stratégie des flèches de résistance proposée par Emmanuelle Piquet, thérapeute spécialisée dans les souffrances scolaires et auteure de nombreux ouvrages sur le sujet, et de l’autre des techniques de répartie proposées par Geneviève Smal et son jeu Takattak. Sans nier ni exagérer la violence, cette méthode entend renforcer l’enfant et lui fournir des outils afin qu’il sorte grandi de ce cercle vicieux, armé pour la vie.

Au secours, il y a un rapace dans la classe, de Coralie Ramon, illustré par Quentin Ketelaers, éditions Psychoeducation.be

Un jeu pour s’armer contre le harcèlement

Le jeu se compose de 52 cartes présentant chacune une remarque désagréable. Des « nains de jardin », « tu ris comme une baleine » ou encore « ton coiffeur est en prison » auxquels il faudra répondre le plus rapidement possible selon certaines consignes imposées :

1. L’autodérision

Cette flèche dit en substance : « Ce que tu dis est vrai. Et, en fait, c’est encore pire que ce que tu penses. »
« Il faut que la personne en face se sente décontenancée, explique Geneviève Smal. Mais, attention, il ne faut pas confondre autodérision et auto-humiliation. L’autodérision ajoute ce petit quelque chose qui est énorme, afin que les agresseurs sentent bien que c’est trop gros. »

2. La pirouette

Il s’agit de faire comme si l’on n’avait pas entendu la remarque désagréable. Ou de ne pas avoir compris que c’était insultant. L’idée : on garde le contexte de la pique envoyée, mais on détourne l’attention en répondant à côté de la plaque.

3. Le boomerang

Cette catégorie de flèche, c’est la base de la répartie. Une sorte de « c’est celui qui le dit qui l’est » mais en version plus sophistiquée. Le boomerang renvoie une réplique de la même intensité que la pique reçue. Comme une sorte de miroir qui renverrait la violence à son expéditeur. La règle ? Rester poli (pour ne pas s’attirer encore plus d’ennui) !

4. La question

Cela peut être une véritable question de clarification ou une question empreinte d’une touche de malice. Peu importe, le fait de devoir préciser sa pensée va forcer le piqueur à raisonner. Et va le désarçonner.

5. Le compliment

C’est la flèche la plus efficace pour que le conflit prenne fin. Faire un compliment à la personne qui vous a envoyé la pique va le perturber. Elle aura l’impression que vous n’êtes pas le moins du monde blessé. Et puisque le thermomètre de la “réussite” d’une pique est la souffrance de la victime, celle-ci n’aura plus beaucoup d’intérêt.

Au fil des années et de son succès, d’autres Takattak ont vu le jour : au classique sont venus s’ajouter le Takattak à la récré et le Takattak trash. On y trouve d’autres consignes, comme la vérité, la rime ou encore la chanson. L’important, c’est de garder le mouvement. Une victime qui resterait en mode autodérision pourrait passer pour un masochiste. Celle qui ne répond que par des questions serait peu naturelle. L’idée est de jongler avec les différentes catégories.

Dans sa pratique de thérapeute, Geneviève Smal s’appuie aussi sur son premier prix de Conservatoire en art de la parole. Elle entraîne ses patients à changer de posture. Elle a appelé cette position la position de l’ours. Son avantage ? « Elle représente un entraînement en prévention et elle sert de base au moment de l’agression, précise Geneviève Smal. C’est une posture symétrique. Frontale. Les deux pieds bien ancrés. En mode “je suis un roc”. Ne surtout pas cacher les mains. Le regard planté dans les yeux de la personne. »

Ainsi outillés, ils sont prêts à décocher leur réplique : une flèche à la juste hauteur. « Une flèche qui n’attise pas le confit, rappelle Geneviève Smal. Une flèche qui l’éteint. Une flèche qui renforce celui qui l’a envoyée. »

 

 

Harcèlement : aider son enfant à muscler sa répartie

« Sale chouchou du prof ! » « Mauviette ! » « Singe à lunettes ! » Ces phrases assassines qui vous tordent le cœur et vous figent tout net, vous ne les avez plus entendues depuis belle lurette. Elles sont pourtant là, sournoises, tapies au détour d’un couloir, au sein même de votre foyer, dans le brouhaha de la classe ou encore griffonnées sur un bout de papier. Plus ou moins assumées.

Et, de notre temps, on faisait partie de l’élite capable d’y répondre avec panache ou on se faisait tout petit et on attendait que ça passe. Heureusement, aujourd’hui, des spécialistes se sont penchés sur la question. Et il en est ressorti que la répartie, si on ne l’a pas… eh bien on l’apprend.

C’est ce que font Emmanuelle Piquet et son équipe de thérapeutes dans les centres À 180 degrés/Chagrin scolaire, en se mettant aux côtés de leurs patients. À leurs côtés… et à leur hauteur. « Dans cette position, on va pouvoir observer avec l’enfant et devenir aussi expert que lui de son problème, explique la psychopraticienne. Car c’est bien lui le capitaine. »

C’est donc lui aussi qui donne la direction. Si telle est sa demande, on tentera donc de trouver ensemble une stratégie de résolution. Dans l’une de ces stratégies, modélisée par la thérapeute et baptisée la “flèche de résistance” par les patients, l’enfant va réfléchir avec l’adulte à des répliques qui mettront la position de l’autre à mal. « On cherche à faire tomber le harceleur de son piédestal. Attention, c’est sa posture qu’on rend inconfortable. Ce n’est pas lui qu’on veut ridiculiser. C’est ce qu’il fait », précise Emmanuelle Piquet.

La stratégie du carquois

Même s’il n’y a évidemment aucune recette magique, aucun mode d’emploi et que chaque stratégie se fera après observation de la situation, Emmanuelle Piquet énumère trois ingrédients de base pour élaborer une bonne flèche de résistance face à une situation de harcèlement.

Le premier, c’est de se nourrir de ce qui a été envoyé de façon agressive. Ceci signifie aussi que s’il n’y a pas d’attaque, il n’y a pas de riposte : « Une flèche qui ne répondrait pas à ce critère, ne serait pas une flèche de résistance. Ce serait de l’agressivité », souligne la spécialiste.

Le deuxième, c’est l’autodérision. Une étape particulièrement difficile, car l’enfant devra apprendre à rire d’une zone spécialement complexée. Mais elle est primordiale, car en agissant de la sorte, l’enfant harcelé ne laisse pas la place à l’autre de se moquer de lui-même.

Le troisième ingrédient, c’est l’entraînement. La clé pour une bonne répartie, c’est de ne pas être submergé émotionnellement. Même quand la situation est difficile, que l’enfant ressent de la tristesse, de la colère et qu’il souffre d’un réel sentiment d’impuissance, il doit s’être exercé tant de fois qu’il est capable de décocher sa flèche.

Et la méthode semble faire mouche. Car en quinze ans de pratique, Emmanuelle Piquet a comptabilisé plus de 80 % de réussite dans l’accompagnement. L’équipe a même observé ce phénomène inattendu : dans un cas sur deux, l’enfant n’a pas besoin de décocher la réplique préparée. Parce qu’il a retrouvé son pouvoir. Il se tient désormais bien droit et arrive à la récré avec l’intention d’en découdre, sans baisser le regard ni raser les murs. « Le courage se perçoit de façon posturale. Il y a quelque chose de très animal dans le phénomène du harcèlement. Quand la posture change, le harceleur le perçoit, et il ne va pas prendre le risque de perdre son aura en s’y frottant. »

« Ce n’est pas la stratégie de la flèche, en réalité, s’amuse Emmanuelle Piquet. C’est plutôt la stratégie du carquois. Parce que c’est lui qui redresse le dos. Parce qu’un enfant harcelé à qui on dit de changer sa posture, ça ne marche pas, car il a peur. C’est le carquois rempli de flèches qui change cette posture et donne ce courage. »

Malgré son succès, la méthode essuie des critiques. On l’accuse de ne pas ou pas assez punir l’agresseur, de demander des efforts une nouvelle fois à la victime, de créer des petits combattants belliqueux. En un mot : d’être violente. « C’est justement l’inverse de la violence, répond Emmanuelle Piquet. Les méthodes qui se concentrent sur le harceleur et le sanctionnent sont peut-être plus conventionnelles dans leurs modalités. Mais pas dans les résultats. Nous voyons de notre côté moins de conflits dans la cour de récréation après avoir formé un ou deux enseignants de l’établissement à nos pratiques. Je pense moi, que cette façon de faire crée de la paix, justement. »

Et à la maison ?

Dans le cas de difficultés relationnelles entre frères et sœurs, une variable change la donne : la présence du parent, qui, bien malgré lui, aggrave le problème dans sa tentative de protéger le plus petit ou celui qu’il perçoit comme étant le plus faible.

Ici non plus, pas de recette miracle, mais bien de l’observation pour comprendre en profondeur la situation. Et un tâtonnement expérimental fait d’essais-erreurs afin de trouver ce qui fonctionne. Emmanuelle Piquet rappelle cependant que le parent devra s’efforcer de ne pas prendre le rôle d’avocat ni du juge de l’application des peines. Il faudra plutôt tenter d’expliquer à l’enfant qu’il peut, s’il le souhaite, « faire son 180 ° », c’est-à-dire le contraire de ce qu’il a déjà essayé. Il s’est énervé, il est allé pleurer chez maman. Ça n’a pas marché. Le contraire, c’est de dire à son frère ou à sa sœur quelque chose comme : « Continue. Après, maman elle m’aime encore plus. »

L’enfant pourra bien sûr aller rechercher réconfort et écoute chez son parent par la suite. Et le parent accueillera son vécu. Mais cette façon de faire changera la donne, car l’enfant se sera positionné. Car à la maison ou à la récré, c’est bien tout l’enjeu pour lutter contre les maltraitances relationnelles : trouver sa juste place. Et l’incarner.

 

Muscle ta répartie en famille.

« T’es vraiment qu’une moule. »
« Ma grand-mère adore les frites. » (Pirouette)
« Tu cours comme une fille. »
« C’est vrai. Je mords comme une fille aussi. Tu veux voir ? » (Autodérision)
« T’es qu’un psychopathe. »
« Psychopathe et tueur en série, c’est des synonymes selon toi ? » (Question)
« T’es moche comme une betterave défraîchie. »
« Et toi t’es belle comme une aubergine juteuse. » (Compliment)
« Le rose, c’est pour les filles. »
« Et le bleu, c’est pour les schtroumpfs. » (Boomerang)

 

Retrouvez ces flèches et d’autres encore dans le livre Au secours, il y a un rapace dans la classe, écrit par Coralie Ramon, illustré par Quentin Ketelaers et édité par psychoeducation.be. L’album se base sur la théorie des flèches de résistance, modélisée par Emmanuelle Piquet, et des catégories de répartie utilisées dans le jeu Takattak.

Le livre, un objet d’une modernité folle !

Nous avons rencontré Nathlie Le Breton, experte sur les questions de parentalité qui a coprésenté l’émission Les Maternelles sur France 5 durant 15 ans. En charge de la rubrique Livres pour enfants, elle a chroniqué plus de 25 000 albums pour accompagner les familles et valoriser ces liens indéfectibles créés autour des livres ! Elle sélectionne désormais les ouvrages de la box Noti, le livreur d’histoires.

Pourquoi est-ce capital selon vous de promouvoir la lecture dès le plus jeune âge ?

Prendre le temps de lire avec ses enfants dès la naissance est selon moi aussi essentiel que de leur apprendre à bien manger ou de les encourager dans leurs activités physiques. Notre responsabilité parentale n’est-elle pas de les nourrir physiologiquement, affectivement, intellectuellement et culturellement ? Partager des livres, c’est leur donner des mots, les aider à apprivoiser des structures langagières, bien sûr ! Mais tout autant se dévoiler en tant qu’être humain : ce “lire ensemble” nous apprend à connaître nos enfants dans leurs réactions particulières comme eux apprennent à nous connaître en nous observant. Les albums jeunesse sont un terrain d’échanges privilégiés. Ils nous aident, enfants comme parents, à grandir en “humanitude”. C’est une habitude à prendre particulièrement satisfaisante, car le plaisir et la joie se renouvellent et évoluent à l’instar du bonheur que l’on a à les voir grandir et se construire.

Alors que le numérique fait une entrée massive dans l’enseignement et que les écrans occupent de plus en plus les enfants, d’aucuns pourraient avancer que le livre est devenu un objet ringard… Qu’est-ce qui vous fait dire que le livre est a contrario d’une modernité folle ?

Les livres pour enfants insufflent une appétence à la liberté. Les enfants sont libres de les ouvrir et de les refermer quand bon leur semble, sans se rendre malades comme ce que peut provoquer la fermeture d’un écran. Avec leurs livres “papier”, les enfants apprennent à lire entre les lignes, alors qu’avec les écrans, ils apprennent à lire en diagonale. C’est qu’on appelle la “lecture passoire”. Ils ne prennent pas le temps de vivre les points de suspension ni de ressentir les allusions ou de percevoir les non-dits. En revanche, ils deviennent perméables à toutes les propositions parallèles, qui les font zapper vers d’autres sujets d’intérêt derrière lesquels se cache souvent de la publicité. Le numérique fait d’eux de formidables consommateurs, quand les livres font d’eux des témoins empathiques et critiques. Savoir entrer dans la compréhension de la pensée de l’autre, que l’on soit d’accord ou non, n’est-ce pas l’une des conditions fondamentales pour vivre ensemble dans le respect et dans la paix ? C’est une idée universelle d’une grande modernité.

Comment intéresser un enfant qui n’a pas d’appétence pour les livres ?

Surtout ne pas le forcer ! Et malgré ses réticences à lui, continuer de prendre le temps de vous absorber dans la lecture d’albums pendant qu’il joue de son côté. Par curiosité ou par mimétisme, nul doute que cet enfant tente de nouvelles approches. L’idée n’est pas de partager un livre parfait pour le faire “lire à tout prix”, mais de privilégier la dimension plaisir : votre éblouissement devant des illustrations, votre jubilation devant des personnages impertinents ou vos éclats de rire provoqués par une chute particulièrement hilarante. Et puis, dans un premier temps, résistez à son appel ! Vous connaissez les enfants, il suffit de les empêcher de faire quelque chose pour qu’ils veuillent immédiatement s’y mettre. Enfin, continuez de leur lire des histoires même quand ils savent lire ! Demain, et cela arrive vite, il sera trop tard pour profiter de ce temps rare et précieux !


NOTI LE LIVREUR D’HISTOIRES

Trois formules d’abonnement sont proposées avec des tranches d’âges allant de 2 à 8 ans. Box Découverte (1 livre par mois, 11 €), Plurielle (3 livres par mois, 30 €) et Famille (5 livres par mois, 50 €). Les ouvrages sont soigneusement sélectionnés dans le catalogue d’éditeurs de référence – Casterman, Flammarion Jeunesse, Père Castor, Gallimard Jeunesse, Les Grandes Personnes, Sarbacane, La Partie – reconnus pour leur qualité éditoriale et leur créativité.