Ukraine, comment parler de la guerre aux enfants…

Pourquoi il y a la guerre en Ukraine en ce moment ? (Hector)

Tu sais Hector, il y a toujours eu des Hommes qui voulaient ce que les autres ont. Ils sont prêts à faire la guerre pour prendre le territoire et les richesses des autres. Quand les chefs des pays n’arrivent pas à se mettre d’accord, il y en a un qui peut décider d’utiliser la force avec des armes pour avoir ce qu’il veut. L’autre pays veut se défendre et cela se transforme en guerre.

C’est triste la guerre car il y a des morts.

Oui, Hector, pendant une guerre, il y a toujours des morts, et c’est terrible. C’est normal d’être triste en pensant à ça. Tu peux peut-être te faire consoler par tes parents quand tu ressens ces émotions.

Moi, cette guerre me fait peur ! (Daphné)

Cette guerre fait peur, Daphné, car elle ne se trouve pas très loin de l’Europe, donc de chez nous. Mais il faut que tu saches qu’il y a beaucoup de pays qui se sont réunis pour trouver des solutions ensemble et pour que la guerre ne s’étende pas.

Et ça va marcher ?

Dans la guerre chacun veut gagner, alors on ne peut pas savoir combien de temps elle va durer. Mais une guerre finit toujours par s’arrêter. C’est comme dans une dispute on arrive toujours par trouver un terrain d’entente.

Comme quand je me dispute avec mon frère ?

Oui, Daphné, quand tu te disputes avec ton frère, c’est que vous n’êtes pas d’accord ! Bien souvent chacun veut avoir raison, commander ou prendre le jeu de l’autre ! Et on finit par se réconcilier ! Exactement ! Les disputes peuvent nous aider à être tolérant et trouver des solutions !

Cela veut dire quoi être tolérant ?

Être tolérant demande de s’ouvrir à l’autre ; écouter son point de vue et accepter qu’il ne pense pas comme nous ! Nous sommes tous différents alors c’est important de se parler pour se comprendre. Cela évite d’être violent et de se taper !

Il faudrait que l’Ukraine et la Russie fassent comme ça !

Oui et sûrement qu’ils discutent et négocient pour trouver des accords. Ce qu’il faut retenir dans ce conflit, c’est qu’il y a beaucoup de pays qui se rassemblent et font des choses ensemble pour que cette guerre s’arrête. Cela montre une belle solidarité.

Comment je fais pour ne plus être inquiète ?

Je te conseille déjà de ne pas regarder la télévision car les images sont parfois impressionnantes. Si tu veux avoir des informations tu peux les demander à des adultes. Et quand on a peur ou que l’on s’inquiète, c’est aussi car l’on se sent démuni et impuissant. Alors peut-être que comme les pays d’Europe qui soutiennent l’Ukraine, nous pourrions faire quelque chose à notre niveau pour aider les Ukrainiens.

On pourrait faire quoi pour aider ?

Tu peux peut-être avec ton école faire des dessins et écrire de jolis messages pour dire aux enfants qui vivent la guerre que tu penses à eux. Tu peux aider des grands qui font des collectes pour envoyer des produits de première nécessité. Il y a différentes façons d’agir chacun à notre niveau contre la guerre.

Et ça va vraiment aider ?

Bien sûr, nous pouvons tous avoir une utilité. Et quand on fait cela, c’est encourageant et cela donne envie de faire plus. Et puis cela donne des idées aux autres et à force de petites actions cela peut amener de grandes transformations ! D’accord alors on va en parler à notre classe !

Merci à Carine Simonet d’avoir répondu aux questions des enfants.

Autrice de Les questions ça fait grandir ! Larousse jeunesse, illustrations Isabelle Maroger, 2021.

 

GARÇON OU FILLE, C’EST PAREIL ?

À la maison

Nous avons conscience aujourd’hui des dommages infligés par ces différences éducatives, souvent désavantageuses à l’égard des filles, qui ont été cultivées et transmises de génération en génération mais rarement remises en question. Tellement ancrés culturellement, ces stéréotypes ont la vie dure, à tel point qu’on peut encore surprendre des réflexions comme « quand on est un petit garçon courageux, on ne pleure pas ! ». Pourtant, sur la théorie, on est à peu près au point et beaucoup de parents sont très vigilants sur le sujet.

Dans la pratique, cela se corse, car il s’agit avant tout de transmission par l’exemple.

Comment réagir quand grand-père et les hommes de la famille restent à table alors que toutes les femmes se lèvent pour aider ? Que faire, sans blesser personne, lorsque votre mère explique à vos filles qui hurlent de rire qu’« une jeune fille bien élevée doit être discrète » ?

Déjà, si cela vous heurte, le plus gros du travail (la prise de conscience) est fait ! Profitez-en pour ne pas bouillir dans votre coin. Les enfants nous servent souvent de révélateur et nous ouvrent les yeux. C’est le moment d’agir !

  • Pour vous sentir aligné·e, ne subissez pas et réagissez avec humour : proposez aux hommes un défi : « Pouvez-vous débarrasser la table aussi bien et vite que les femmes ? »
  • Dites à votre mère que « oui, c’est bien de ne pas déranger les autres mais que c’est valable pour les garçons comme pour les filles ».
  • Et surtout, parlez-en avec vos enfants : revenez sur le sujet aussi souvent que nécessaire, expliquez que vous n’êtes pas d’accord avec cette manière de faire qui n’est ni juste, ni justifiée.

Occuper l’espace à l’école

À l’école, c’est plus compliqué : les enfants subissent l’influence du groupe mais aussi du corps enseignant qui souffre parfois des mêmes réflexes éducatifs.

Officiellement, selon l’Éducation Nationale, « l’égalité entre les filles et les garçons est un principe fondamental inscrit dans le code de l’éducation qui (…) favorise la mixité et l’égalité en matière d’orientation ». Pourtant, regardons la place donnée aux garçons et celle laissée aux filles dès l’école primaire… Une enquête de l’Unicef souligne que « la cour de récréation reste un espace difficile à partager où les jeux des garçons sont le plus souvent priorisés. Les analyses spatiales le montrent : ils sont au centre, elles sont sur le côté ». Également fort révélatrice, la prise de parole est majoritairement occupée par les garçons qui parlent plus fort, répondent plus facilement aux questions et sont encouragés à attirer l’attention à eux.

Pour les filles, l’école primaire reste le lieu de progression où elles s’intègrent plutôt facilement au système et obtiennent de meilleurs résultats que les garçons. Au collège, en revanche, les tendances s’inversent et « moins d’une fille sur vingt envisage de faire carrière dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STIM), contre un garçon sur cinq », alors que leurs résultats à l’épreuve scientifique des enquêtes PISA menées par l’OCDE sont comparables. Cela n’a rien d’anecdotique lorsque l’on sait que les professions dans ces domaines sont très demandées et que la rémunération y est des plus attractives.

Stefan Kapferer, secrétaire général de l’OCDE alertait sur « des préjugés entretenus, sciemment ou non, par les parents, les enseignants et les employeurs. (…) Il nous faut trouver de nouveaux moyens d’ouvrir l’esprit des enfants quant à leurs aptitudes et d’élargir leur horizon professionnel en abordant la question dans ses dimensions sociale et affective*».

*rapport OCDE de 2019 L’égalité des sexes dans l’éducation

La place de chacun

Alors comment agir pour que chacun trouve sa juste place ? Comment aider nos enfants à prendre conscience des schémas reproduits depuis des années ?

Beaucoup d’actions éducatives portent progressivement leurs fruits et les enfants sont assez conscients de cette problématique. Leurs réflexions à ce sujet sont très claires, comme Félix, 5 ans, qui déclarait : « Dire que la philo c’est que pour les grands, c’est comme dire que la danse c’est que pour les filles : ça veut rien dire ! » ou encore Hanah, 10 ans : « La seule différence entre les hommes et les femmes, c’est leur sexe, mais pourtant on les élève de manière différente alors qu’on ne devrait pas. Ce qui est dommage, c’est qu’on apprend surtout aux filles à faire le ménage. »

Les filles savent aujourd’hui que ces différences faites dans l’éducation sont limitantes pour les femmes qu’elles deviennent et que c’est très injuste. Or l’injustice est un moteur puissant pour pousser les enfants à s’intéresser à un sujet. Alors discutons-en avec eux et profitons-en pour déconstruire ensemble les stéréotypes sur le sujet.

Pour aller plus loin :

  • La Carabane, des ateliers philo pour les enfants
  • découvrez l’application SoftKids et le programme “Développer son esprit critique” : deux mois gratuits pour les lecteurs de La petite fabrique avec le code promo : FAMILLE.
  • sur le site grainedecitoyen.fr/égalité garçon-fille, découvrez de nombreuses lectures sur le sujet et des activités gratuites pour vos enfants.

À 6 ans, la majorité des filles se pensent moins intelligentes que les garçons…

À 6 ans, la majorité des filles se pensent moins intelligentes que les garçons* !

La société dans laquelle nous vivons est profondément teintée de stéréotypes. Ces préjugés enferment les individus dans une caricature ou une généralité parce qu’ils sont une fille ou un garçon. Ils sont tellement banalisés que nous ne les voyons souvent pas ou plus. Sans penser à mal, voire en étant soi-même plutôt sensibilisés à la question, nous avons tous des réflexions du type :

Cette petite fille pleure : “C’est normal, c’est une fille”.

Ce petit garçon fait une colère et frappe : “Oui mais c’est un garçon !”

Pourtant les émotions n’ont pas de genre… Les centres d’intérêt non plus. Les catalogues de jouets semblent pourtant encore en 2022 catégoriser les jeux pour filles et ceux pour garçons, les magasins de vêtements aussi. Les médias, le marketing continuent de véhiculer de nombreux clichés.

Et finalement, les études montrent que toutes ces représentations de la société sur ce qui est de l’ordre du féminin et du masculin auront des impacts réels sur Manon et Lucas. À 4 ans, ils adapteront leurs comportements à ce qu’ils entendent (soit sage ma fille, soit fort mon fils). À 7 ans, cela orientera leur choix d’activités manuelles et sportives et à 14 ans leur choix entre une filière littéraire ou technique. Et demain, cela influera très certainement dans leurs choix de carrières.

Filles et garçons ne sont pas similaires, ils sont évidemment différents. Mais la question d’égalité fille-garçon, c’est avant tout une question d’égalité des chances : celle d’ouvrir le champ des possibles à tous les enfants, indépendamment de leur genre !

Trois conseils pour une éducation anti-stéréotypes :

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La littérature jeunesse contre les stérotypes sexistes

La petite fabrique : Les tables des librairies débordent de titres contre les stéréotypes de genre. C’est une belle victoire pour vous qui êtes dans cette dynamique depuis 2014 ?

Marianne Zuzula

Marianne Zuzula : En 2014, nous publions On n’est pas des poupées, notre premier livre jeunesse ; il compte parmi les premiers livres français à destination de la jeunesse abordant de manière frontale la question des clichés sexistes. Aujourd’hui, les maisons d’éditions s’emparent de la question des stéréotypes, j’en suis très contente, cela élargit les propositions et touche davantage de lecteurs. La ville brûle est présente principalement dans les librairies indépendantes, mais certains publics qui achètent leurs livres en supermarchés ou en grandes enseignes ne pourraient pas trouver nos titres. Que certains éditeurs fassent du “feminisme washing” ne me gêne pas, si cela peut permettre à des lecteurs d’être en contact avec des livres antisexistes !

À La Ville brûle, nous sommes très vigilant·e·s quant à la composition des albums. Nous comptons le nombre de personnages filles et garçons, les rôles attribués. Faire des livres inclusifs exige de la discipline, car on a tendance à représenter ce que l’on a vécu et ce que l’on connaît. Je crois, aussi, que c’est une mécanique générationnelle : les nouvelles générations d’auteur·e·s sont naturellement équitables en termes de représentativité de genre, d’origine, d’orientation sexuelle ; c’est une belle avancée.

Nous sommes éditeurs jeunesse, nous ne sauvons pas des vies : notre préoccupation est de publier des ouvrages dans lesquels les enfants et leurs familles sont représentés. Une révolution féministe est en cours, portée par de belles initiatives : les repères des plus jeunes ont changé. Le monde de la culture prend sa part et c’est bien ! Cependant attention, on peut remplir une bibliothèque de livres antisexistes, mais si à l’arrivée les adultes répondent par une organisation familiale sexiste, le propos du livre n’aura pas d’effet.

Pour les enfants, nous recommandons Mon super cahier d’activités antisexistes, de Claire Cantais, éditions La Ville brûle.

Pour une génération plus ouverte, plus inclusive… plus humaine.

Élise habite à Montréal avec ses deux filles, son mari, ses chats et quelques araignées. Curieuse de tout, elle est en effet attirée par tout ce qui est étrange, différent, rigolo. Illustratrice très célèbre au Canada, elle est très engagée sur de nombreux sujets de société. Elle mène un travail remarqué de sensibilisation et de vulgarisation de sujets complexes, et parfois tabous auprès des enfants, récompensé au Québec par le prix Droits et Libertés en 2019.

Ses illustrations permettent de déconstruire les préjugés avant même qu’ils ne s’installent chez les enfants. Mises à disposition gratuitement sur son site Internet, ses affiches se partagent de manière virale et tapissent les murs d’écoles au Québec.

Les affiches ci-contre rappellent que tous les goûts et toutes les émotions sont pour tout le monde. Son livre Tu peux, est également à télécharger gratuitement sur son blog.

Élise a créé l’affiche “Les filles peuvent être” pour faire comprendre à ses filles que les messages que leur envoyait la société n’était pas vrai et « qu’elles n’étaient pas obligées, en tant que filles, d’être toujours douces, discrètes, bien mises, tranquilles, et qu’elles avaient le droit, comme les garçons, d’être en colère, de s’exprimer fort, de se salir en jouant, de mener le jeu, etc. » Les réactions enthousiastes l’ont conduite à créer une version pour les garçons. « Je vis dans une société très ouverte et progressiste. Je suis féministe et j’ai élevé mes filles en leur partageant mes valeurs, et je les vois quand même revenir à la maison avec des idées que je trouve aberrantes. Elles utilisent encore parfois, sans s’en rendre compte, des expressions comme “c’est un livre pour les garçons” ou “Mathias est comme une fille, il joue à la poupée”. Si mes enfants sont perméables à ce genre d’idées, il est certain que des tas d’enfants le sont beaucoup plus. Ces vieilles conceptions sur la féminité et la masculinité ont la couenne dure ! »

(source : terrafemina.com)

Déconstruire les stéréotypes, une preuve d’amour pour nos enfants. 

La petite fabrique : Pourquoi avoir créer le podcast Papatriarcat ?

Cédric Rostein : Je viens d’une famille blanche, sexiste et raciste, autant dire que je pars de loin ! Mais ma chance est d’être curieux de l’autre. L’arrivée de ma fille a été une remise en question profonde, même si j’avais déjà engagé ma déconstruction du genre auparavant.

Avec Papatriarcat, mon idée est de parler de la parentalité en intégrant un regard sur le genre : prendre les valeurs du féminisme et les donner en accès à la sphère masculine. Car les hommes n’ont pas tous les codes pour comprendre. L’auditoire est masculin à 12 % (c’est 5 % en moyenne), il reste du chemin…

Il me semble important, en tant que père, d’investir les questions “féministes”. Concrètement, cela passe par dialoguer et combattre les clichés au quotidien. C’est un travail de chaque instant, car la réalité de l’environnement joue contre les parents : la publicité qui sexualise les petites filles, les privilèges des petits garçons dans l’espace public, tout cela ma fille l’observe, l’intègre. Je crois que la meilleure arme contre les stéréotypes est de développer l’esprit critique et de ne surtout pas aseptiser les enfants dans des espaces genrés sécurisés.

Une génération de pères a compris l’enjeu, mais ils restent minoritaires. Je recommande l’écoute du podcast Les couilles sur la table qui traite le sujet de façon très juste. Actuellement, nous sommes plus face à une adaptation du patriarcat qu’à un véritable changement de paradigme : beaucoup de pères vont prendre le temps de récupérer leurs enfants à la sortie de l’école pour aller au parc ou faire un tour de manège, mais c’est toujours la femme qui prépare les repas et les affaires. C’est un temps choisi qui correspond souvent à un temps de loisir. C’est pour cela que j’ai défendu, avec le collectif Papas engagés, l’allongement du congé paternité : pour que le père puisse comprendre ce que représente la charge mentale et surtout la vive. La société n’aide pas les pères à prendre cette place ; tout les pousse à travailler ou être en attente d’un remerciement pour l’investissement qu’ils ont dans l’éducation des enfants ! Nous savons que plus les charges sont équilibrées plus l’harmonie dans le couple, dans la sexualité, dans les loisirs est présente. Investir du temps pour déconstruire les stéréotypes est aussi une preuve d’amour pour nos enfants.

Le site de Cédric : cedictostein.com

Le podcast Papatriarcat

Le livre : Tu vas être papa, Cédric Rostein, First éditions

 

 

Repenser l’éducation des garçons

La petite fabrique : Repenser l’éducation des garçons est au cœur de votre ouvrage Tu seras un homme féministe mon fils ! paru en 2020. Vous y montrez que, si l’éducation des filles est cruciale et reste un terrain de lutte pour l’égalité, celle des garçons est encore peu questionnée. Pourquoi ce système à deux vitesses ? Pourquoi ces résistances ?

Aurélia Blanc : C’est une question intéressante, qui a été en quelque sorte le point de départ de ma réflexion. Ces dernières décennies, nous avons, et c’est une belle avancée, remis en question l’éducation des filles, et nous sommes plus conscients collectivement des enjeux de la domination masculine et du sexisme de la société. Ainsi, au nom de l’égalité, on a enjoint les filles à rattraper leur retard, en valorisant notamment l’acquisition de compétences que l’on dit masculines et on est plutôt assez enclins à encourager les filles à aller sur le terrain masculin, qu’il s’agisse des activités extrascolaires ou du monde du travail. Permettre aux femmes de s’insérer dans tous les milieux, c’est bien évidemment important, mais… cela ne suffit pas. Le mouvement doit se faire dans les deux sens. Or il y a encore cette idée que les inégalités, le sexisme, c’est un truc de filles, c’est leur combat.

Et puis inconsciemment, nous avons en quelque sorte intégré que lorsqu’une fille s’aventure sur le terrain dit “masculin”, c’est une forme de promotion… et quand un garçon s’engage sur un terrain dit “féminin”, c’est au contraire une forme de déchéance. Aujourd’hui, il est beaucoup plus simple de montrer aux petites filles qu’il y a mille manières d’être une femme. Les garçons, quant à eux, sont enfermés dans des stéréotypes qui ont la peau dure. Pourquoi ? Et bien au fur et à mesure de mon travail d’enquête, j’ai fini par conclure que notre société n’a pas trop intérêt à interroger l’éducation des garçons, car ce serait remettre en question la place des “dominants” au sens sociologique du terme. En bref, on n’a pas trop eu envie de regarder du côté des garçons.

 

Quels sont ces stéréotypes et les mythes qui continuent de coller à la peau des garçons ? Où se nichent-ils ? Comment va-t-on les débusquer ?

Il me semble que l’un des stéréotypes fondateurs – qui est là avant même qu’ils apparaissent – est cette idée que les garçons seraient par nature plus durs, moins sensibles, moins empathiques, plus résistants à la douleur.

Cette idée se traduit de multiples manières : par des injonctions à ne pas pleurer, à ne pas montrer ses sentiments ; elle nous conduit à davantage tolérer ou excuser leur manifestation de violence, puisqu’ils seraient “par nature” plus durs.

De cette idée vont découler bon nombre de stéréotypes associés à la masculinité, par exemple : les garçons seraient du côté de l’actif et les filles de la passivité. C’est une représentation qui va être très structurante dans nos rapports et dans la vie des enfants. Ainsi, comme les garçons seraient plus sportifs que les filles, il faut qu’ils bougent, qu’ils se dépensent, donc pour cela il est normal qu’ils aient plus d’espace pour pouvoir jouer en mobilisant leur corps. Ce stéréotype va être filé comme une métaphore toute la vie et se retrouver plus tard dans les représentations de leur sexualité ; les hommes seraient plus entreprenants, ou en tout cas, ils devraient l’être ; ils ont besoin de davantage d’activité sexuelle, etc.

Cette entreprise d’étiquetage commence dès les premières semaines de vie – même in utero si l’on songe aux commentaires tels que : « Il est tonique, c’est forcément un p’tit gars ! » – et s’accélère lors de l’entrée en collectivité.

Sans y prendre garde, les professionnels de l’enfance entretiennent les clichés, en faisant entrer les enfants dans les cases qui sont censées être les leurs.

Est-ce que cela à trait au fait que ces stéréotypes sont encore invisibilités ?

Oui, il y a clairement cette dimension “naturelle” ou perçue comme telle : lorsque j’ai

questionné l’historien Jean-Jacques Courtine, qui a beaucoup travaillé sur la virilité[1], il explique que l’une des caractéristiques de l’éducation des garçons à travers les époques, c’est que ces derniers sont censés être naturellement virils. Or on sait très bien, de nombreuses études le prouvent, qu’on apprend à être un garçon et un homme. Mais le fait de ne pas poser le mot dessus, de ne pas le décortiquer, permet d’entretenir l’idée – ce n’est pas forcément conscient d’ailleurs – que ce serait naturel. L’un des autres traits de la virilité, c’est qu’elle est toujours à prouver, ce qui vient entrer en conflit avec son côté naturel : si c’était une nature, une essence, elle ne serait pas fragilisée, ou mise en danger ! Même si de nombreux hommes conçoivent leur masculinité indépendamment de toute construction virile, ces comportements et ces stéréotypes persistent toujours.

[1]  Histoire de la virilité, tome 1. L’invention de la virilité. De l’Antiquité aux Lumières, Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello, Le Seuil, 2011.

Référence :  Aurélia Blanc, Marabout, 2018.

Aurélia Blanc est journaliste. Elle travaille aujourd’hui pour le magazine Causette, où elle parle régulièrement droits des femmes et féminisme. Elle est l’autrice de Tu seras un homme féministe mon fils !, Manuel d’éducation antisexiste pour des garçons libres et heureux, Marabout, 2020.

La suite de l’entretien et le dossier complet est à lire dans La petite fabrique n°12

 

Se reconnecter à la nature en famille

Vivre en lien avec la nature, désemplir notre vie pour mieux la remplir, tisser des liens plutôt que d’accumuler des biens, ralentir pour se poser les bonnes questions… Cette sobriété heureuse, définie par Pierre Rabhi, ne consiste pas à collectionner les privations mais bien plutôt à faire des choix mesurés, éclairés et nécessaires à notre bonheur. « Il s’agit de partager, de redonner de la valeur à la consommation raisonnée et locale, de prendre du temps pour soi et pour ses proches », explique Nadège Baheux, rédactrice en chef du magazine…

Un art de vivre adopté avec enthousiasme par Bénédicte Longechal, contributrice régulière de La petite fabrique et fondatrice du site et de l’appli Green et local. Avec sa famille, elle vit au rythme des saisons, dans une démarche zéro déchet et 100 % locale. Un exemple joyeux et vraiment inspirant bien loin des discours anxiogènes et culpabilisants.

Retrouvez le témoignage de Bénédicte et l’intervention de notre rédactrice en chef dans le reportage diffusé par Airzen radio ici.

Jeu des traditions de Noël en France

 

  • Vous disposez d’une imprimante :
  • Vous n’avez pas d’imprimante (ou votre cartouche est vide) :
    • Sachez que les 5 cartes suivantes sont correctes : Lorraine, Franche-Comté, Corse, Auvergne, Normandie.
    • Par contre, il vous faudra inverser le noms des régions suivantes au recto des 10 autres cartes

1 ALSACE <–> 3 CHAMPAGNE
4 BOURGOGNE <–> 6 SAVOIE
7 PROVENCE <–> 9 PAYS-BASQUE
10 GIRONDE <–> 12 LIMOUSIN
13 BRETAGNE <–> 15 NORD

Avec toutes nos excuses pour cette erreur involontaire, nous espérons que nos lecteurs les plus curieux s’amuseront avec ce jeu !

Si vous renoncez à jouer : déchirez les cartes en mille morceaux et faites-en un petit feu de joie ! Sans plaisanter, ne les laissez pas traîner ! On ne voudrait pas gâcher votre repas de Noël avec des polémiques sans fin…

Posted in Jeu

Comment encourager mon enfant avec Solenne Roland-Riché

Aujourd’hui Solenne répond à la question « Pendant le confinement j’ai observé que mon enfant ne finit pas ce qu’il commence même si je l’y incite. Comment l’encourager ? »

Cette vidéo clôturera notre cycle qui, nous l’espérons, vous aura donné quelques outils pour vous aider à retrouver sérénité et connexion familiale pendant ce déconfinement… Nous vous donnons rdv demain, mercredi 20 mai, à 18 h pour une heure de conférence en direct avec Solenne suivie d’un échange de questions-réponses.

Voici le lien pour vous connecter demain dès 18 h :  https://us02web.zoom.us/j/85037307344

Prenez soin de vous,

La rédaction & Solenne