Le calendrier de l’Avent nature

Comment ça marche ?

Téléchargez et imprimez votre calendrier de l’Avent Nature. Expliquez aux enfants son fonctionnement et affichez-le. Il commence dès le mercredi 30 octobre 2022.

Il est pensé de cette façon :

• Lundi, mardi, jeudi et vendredi : mini-chasse au trésor (dedans ou dehors)
• Mercredi : récolte d’éléments naturels pour l’atelier créatif du samedi
• Samedi : atelier créatif autour d’un thème suggéré
• Dimanche : atelier cuisine avec une recette typique de l’Avent

Sur les réseaux, vous retrouverez tout au long du mois de décembre des infos et des anecdotes à partager liées à la saison et les recettes à savourer chaque dimanche.

Ce calendrier a été conçu par Marion (du compte @enjeuxdenfants). Maman de deux petits garçons, passeuse de nature, elle propose des ateliers d’éveil et de connexion à la nature, yoga pour enfants en région parisienne. Son site : dansleurnature.com

Calme et attentif comme une grenouille – Entretien avec Eline Snel

Comment avez-vous créé votre méthode ?

Je pratique la pleine conscience depuis plus de quarante ans et j’enseigne la méditation depuis une trentaine d’années. Tout a commencé grâce à ma fille, chez qui, à l’âge de 12 ans, on a diagnostiqué un TADH (trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité). À l’époque, il n’existait aucune méthode de méditation pour les enfants. Les enfants peuvent tirer des bénéfices incontestables de la pleine conscience, je m’en suis rendu compte très vite avec ma fille puis auprès de nombreux autres enfants.

Vous expliquez que, jusqu’à un certain âge, les enfants vivent naturellement connectés à leur corps et à leur monde intérieur.

Chez les jeunes enfants, tout est lié. Tout leur être est connecté, corps, âme, émotions et sagesse, ce savoir qu’ils portent en eux naturellement. Quand ils commencent à acquérir un savoir cognitif et cherchent à atteindre des objectifs, avoir de bonnes notes en classe par exemple, ils perdent cette connexion à eux-mêmes et se mettent à vivre dans leur tête, comme de petits professeurs.

La pleine conscience reconnecte les enfants à leur dimension intérieure. Ils sentent immédiatement que c’est bon pour eux, que c’est ce dont ils ont besoin pour rester proches de ce qu’ils sont et devenir qui ils sont. La pleine conscience leur procure de la joie, de la sérénité, du calme… mais pas seulement ! Elle leur permet de découvrir qu’ils sont courageux, volontaires ou intrépides. Ma méthode n’a pas pour vocation de faire des enfants calmes, mais des enfants ouverts, attentifs à leur richesse intérieure. Ils renouent avec leurs émotions et leurs sentiments, que certains identifient parfois pour la première fois. Ils mettent des mots dessus, font des liens et les situent dans leur corps, car nos sentiments et nos émotions sont toujours logés quelque part. Apprendre très tôt à vivre en accord avec ses émotions est une chance ! Vous avez une approche multimodale, qui passe par le dessin, les contes, la gymnastique, la respiration et la réflexion. Tous les chemins sont bons à prendre pour apprendre à se découvrir et se reconnecter à soi-même. Ce sont aussi différents outils pour se relier aux autres et à la réalité. Quand un enfant établit sa météo intérieure avec les dessins de la petite grenouille, il se penche sur ses émotions et apprend que, s’il ne peut pas changer le temps, il peut ajuster sa réponse. Est-ce que je ressens de la colère, de la peur, de la joie, de la tristesse ? Dois-je mettre un pull s’il fait froid, un imperméable s’il pleut, des sandalettes s’il fait beau ? Quand l’enfant médite, il est invité à identifier s’il voit cette émotion dans sa tête ou s’il la ressent.

Il commence à comprendre ce qu’il vit, ce qui est très important pour lui. Et s’il ne le comprend pas, aucun problème : il profite d’un moment où il n’a pas à accomplir quelque chose, bien faire ou se tromper. C’est très différent du quotidien, où il est sans cesse évalué.

Votre deuxième livre, L’Éveil de la petite grenouille s’adresse aux tout-petits, mais aussi à leurs parents et aux adultes qui contribuent à leur éducation. En quoi la pleine conscience peut-elle aider les parents ?

La pleine conscience, c’est faire le choix d’être pleinement présent à ce qu’on fait. Quand vous emmenez vos enfants se coucher, emmenez-les se coucher, quand vous lisez un livre, lisez un livre, ne faites rien d’autre en même temps. La clef, c’est la présence. À soi et à son enfant. Être présent est un exercice de tous les instants. Ce n’est pas facile et demande beaucoup d’attention, car la plupart du temps nous sommes absents. Nous pensons à la liste de courses, au rendez-vous chez le dentiste, à ce qu’on va cuisiner ce soir, alors que nos enfants veulent partager ou faire quelque chose avec nous, en tout cas avoir notre attention. Quand on veut devenir pianiste, il faut pratiquer. C’est pareil pour la présence. Méditer vous aide à mieux vous rendre compte des moments où vous n’êtes pas pleinement présent. Méditer est accessible à tous, à tout moment de la journée, sous la douche, en se lavant les dents ou en marchant dans la rue sans se précipiter. Il suffit de respirer calmement et d’être attentif à chaque sensation.

Diriez-vous que les enfants vivent l’instant présent de façon plus intense que les adultes ?

Très certainement. Mais ils n’en sont pas conscients. La méditation en pleine conscience travaille sur cette conscience-là, l’attention à ce que nous vivons, pensons, ressentons ou faisons au présent. À partir de 3 ou 4 ans, les enfants savent faire la différence entre un « oui » plein et entier, présent, et un « oui » qui veut dire « peut-être », « attends », « je ne sais pas ». Avant 3 ans, ils sont impulsifs, exclusivement, et ne distinguent pas ces nuances. Ils ne peuvent pas non plus méditer. Les adultes doivent donc leur montrer, par l’exemple, différentes réponses possibles à une situation. Tous les enfants naissent avec une bonté intérieure naturelle. En cas de crise, la solution consiste, pour l’adulte comme pour l’enfant, à trouver la voie vers cette bonté. En établissant un contact visuel, on peut gentiment suggérer qu’il existe d’autres possibilités que la morsure, les cris ou les coups pour exprimer une émotion. Les enfants deviennent ce que vous leur montrez. Ils apprennent par imitation, grâce à leurs neurones miroirs. Si leur environnement est agité, ils le seront eux-mêmes. Quand leurs parents crient, ils se mettent à crier aussi, ils copient. Il en va de même avec la capacité à se calmer ou à rester calme, à être présent à soi-même, au présent, à ce qu’on vit, aux autres. Quand vous regardez votre enfant sans jugement, avec tout votre amour, non seulement vous voyez qui il est profondément, mais vous comprenez beaucoup mieux son comportement. Le caractère d’une personne ne change jamais.

En somme, votre méthode n’a pas pour but de changer le monde, mais de permettre à ceux qui l’appliquent de rester le plus sereins possible dans un monde en mouvement.

Exactement : s’accepter soi-même et reconnaître que ce que je traverse est difficile, stressant. J’ai le droit de ne pas être heureux, d’être agité, excédé par le comportement de mon enfant. Voilà, c’est un fait : les choses sont ce qu’elles sont. Personne n’attend de vous que vous soyez parfait, vous ne le serez jamais. Et n’attendez pas de le devenir, ou vous serez extrêmement déçu. La pleine conscience aide à se rendre compte des moments où on est à bout et, la prochaine fois, de s’en rendre compte avant d’exploser en larmes, de colère ou de fatigue. Elle permet de trouver en soi la ressource pour faire de son mieux. Pour les parents, il n’est pas toujours facile de comprendre ce que les très jeunes enfants expriment à travers leurs comportements, il n’est pas toujours facile non plus de réagir calmement. Élever un enfant réveille de vieux souvenirs et rouvre des blessures. On n’est même pas toujours conscient des raisons pour lesquelles on réagit de telle ou telle façon… Se rappeler qu’on a la solution en soi et prendre quelques secondes pour respirer, être présent et connecté à son monde intérieur permet de ne pas se laisser déborder par sa propre histoire et de se montrer bienveillant envers soi-même. Parfois, ,pour y voir clair, on aura besoin d’en parler avec quelqu’un. Mais la méditation peut déjà beaucoup aider à reconnaître, à travers toutes les ombres, ce qu’il y a de bien en soi. À partir de là, on voit mieux ce qu’il y a de bien chez les autres.

N’oublions jamais que les enfants sont un peuple à part. Ils viennent au monde avec un jardin intérieur unique, bien à eux, qui peut être très différent du nôtre. La tâche du parent n’est pas de modifier ce jardin intérieur en y plantant ses propres graines ou ses propres plantes, mais de veiller à lui donner suffisamment de lumière et d’eau, d’amour, de confiance et d’attention pour faire de l’enfant un petit jardinier heureux… Le propriétaire, c’est l’enfant. Son jardin est tel qu’il est, il lui appartient. En étant curieux et en le regardant sans préjugés, avec bon sens et étonnement, vous découvrirez tout ce qui s’y trouve et en prendrez soin d’autant mieux. Vous laisserez plus d’espace à votre enfant.

Portrait © Kee and Kee

La communication NonViolente en famille

Le psychologue américain Marshall Rosenberg fut victime de violences en raison de ses origines juives lorsqu’il était enfant. Il a développé la Communication NonViolente (CNV) dans l’intention d’encourager la paix, la bienveillance et la coopération entre les êtres humains. De la même façon, les mouvements pacifistes et non-violents de Martin Luther King et de Gandhi visaient à apporter la paix dans le monde.

Plus qu’une technique de communication, la CNV est une philosophie humaniste au service d’un art de vivre. Elle demande avant toute chose de changer notre regard sur l’autre et sur nous-même. L’idée est que chaque humain a la même valeur et les mêmes besoins essentiels. À partir de là, il devient beaucoup plus évident de nous relier à notre humanité commune, dans l’empathie et le respect mutuel.

Outil de transformation puissant des relations et donc de la société, la CNV requiert une pratique régulière pour être véritablement intégrée. Trouverons-nous le temps d’apprendre à nous affirmer sans écraser l’autre et à l’écouter sans nous négliger ? Et puisque les enfants reproduisent ce qu’ils nous voient faire, n’est-ce pas un enjeu éducatif crucial d’incarner cette humanité et de soigner la qualité de nos relations ?

Qu’est-ce que la CNV ?

La Communication NonViolente (CNV) est une invitation à reconsidérer notre façon de nous exprimer, d’écouter et d’entrer en relation.

Elle repose sur 4 étapes essentielles pour que la communication soit constructive :

– Observer sans juger
– Exprimer ses sentiments sans interpréter
– Parler de ses besoins sans passer tout de suite aux stratégies
– Demander ce dont on a besoin sans l’exiger.

Pour aller plus loin

L’association Déclic propose des parcours destinés aux parents “Déclic en famille”, pour se former aux bases de la CNV. Informations sur declic-cnveducation.org

50 activités bienveillantes pour découvrir la CNV, Isabelle Capy et Fanny Rondelet, Larousse, 2020.
Des activités pour se familiariser avec les étapes du processus de CNV : observations des ressentis, écoute, prise de conscience des besoins, formulation d’une demande avec un support constitué de cartes des besoins.

La CNV avec les enfants, Anne van Stappen, Jouvence, 2020.
Un petit cahier à destination des parents désireux de s’engager dans la voie de la CNV pour aligner leurs intentions à leurs pratiques éducatives.

• Thomas d’Ansembourg, Anne van Stappen et bien d’autres proposent des sessions de formations à la CNV en présentiel et en ligne.

Faire la paix, un documentaire incontournable

Non, la paix n’est pas une utopie ! Désirée par tous, elle est un idéal commun à reconquérir tous les jours. Quelles sont ses conditions ? Justice, respect des différences, lutte contre l’intolérance, dialogue… Cet ouvrage aborde avec profondeur et simplicité des questions complexes, épaulé par le renfort de la philosophie, de l’histoire et de la littérature. Qu’est-ce que refuser de combattre ? Comment obtenir justice sans violence ? Et finalement comment ne plus partir en guerre contre notre « adversaire » ultime, la nature, notre maison ? Ce livre nous rappelle qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre à faire la paix et nous ramène à notre responsabilité : plus que jamais, « nous sommes ce que nous accomplissons ».

Faire la paix, Philippe Godard & Barroux, Saltimbanque éditions, 2022, 14,90 €.

 

La paix, ça s’apprend !

Dans nos relations, nous sommes habitués à vivre des situations de confrontation et de rapports de force, qui nous éloignent indéniablement de ce à quoi nous aspirons : des relations harmonieuses, une atmosphère paisible, en particulier au sein de notre famille. À force d’essayer d’imposer notre point de vue à l’autre ou de lui prouver qu’il a tort, nous nous privons d’une connexion véritable et de la joie d’être ensemble.

Cependant, la paix ne tombe pas du ciel, martèle Thomas d’Ansembourg, psychothérapeute, expert en Communication NonViolente, auteur de La paix, ça s’apprend ! (Actes Sud, 2016) : « Les rapports de domination – qui génèrent beaucoup de violence – ne sont pas notre seule façon d’être au monde. »

Selon lui, la paix devrait être enseignée « avec la même évidence que lire, écrire et calculer qui sont les trois piliers de base de l’enseignement sur la planète. Chaque citoyen devrait avoir l’occasion d’apprendre quels sont ses sentiments, quels sont ses talents, comment les mettre au monde, y être encouragé et développer ainsi une belle, bonne et juste estime de soi. Chacun devrait aussi apprendre à écouter les sentiments inconfortables, désagréables, la colère, le désarroi, la tristesse, la solitude, l’impuissance, que nous traversons tous tôt ou tard, en sorte de comprendre ses besoins sous-jacents avant de faire payer sa colère ou sa rage aux autres. Il y a un vrai enjeu de société dans ce travail de connaissance de soi.

En tant que parents, on peut peut-être proposer des petits changements, ne serait-ce qu’un atelier d’une heure par semaine. Imaginez la puissance, si dès demain un grand nombre de parents frappaient à la porte des directions d’école en disant : « Nous souhaiterions que nos enfants aient des cours de connaissance de soi, c’est un enjeu citoyen aussi important que lire, écrire, calculer ou faire de la gymnastique. » La gym des neurones et du coeur est importante pour intégrer d’autres approches. C’est une révolution qui est dans nos mains.

Dans toute école, il peut y avoir un petit groupe de parents inspirés et mobilisés qui pourrait proposer ça. À ce titre, on peut saluer le travail de l’association Déclic-CNV fondée par Catherine Schmider pour promouvoir la connaissance de soi, la médiation des conflits, l’intelligence émotionnelle auprès de l’Éducation nationale ; elle fait un très beau travail de formation des enseignants et des parents ! »*

*Extrait de notre entretien avec Thomas d’Ansembourg, dans La Petite Fabrique n°15.

La paix, ça s’apprend, paru en 2016 chez Actes sud, le livre de Thomas d’Ansembourg et David van Reybrouk

Montessori : « L’éducation, une arme de paix »

L’expression peut nous sembler un peu étrange et ésotérique. Elle vient simplement du mot grec cosmos qui veut dire monde. Son objectif est de permettre à l’enfant de comprendre quelle est sa place et celle de l’humain sur la Terre, dans l’Univers. Elle vise à lui faire comprendre que tout, des galaxies aux écosystèmes, y est interdépendant et étroitement relié. Rien n’existe seul, en autarcie.

Tout coexiste avec un nombre infini d’autres êtres, avec lesquels il faut apprendre à cohabiter pour ne pas se détruire soi-même en les mettant en péril.

Nous parlons aujourd’hui beaucoup du matériel estampillé Montessori mais ne mentionnons malheureusement que très peu ce dont nous aurions pourtant le plus besoin : ce que la pédagogue a appelé les “grands récits”. Ils constituent les pièces maîtresses de son éducation cosmique. Elle recommandait de raconter régulièrement aux enfants l’histoire de l’Univers et de la formation de la Terre, celle de l’évolution du vivant à partir des premières formes de vie (qui inclut l’incroyable moment des dinosaures !) et celle du genre humain à partir des hommes préhistoriques.

Nous pouvons transmettre cette éducation cosmique à la maison en s’appuyant sur des albums ou des contes, mais l’enjeu est surtout d’en faire vivre l’état d’esprit : la certitude que la paix se bâtit au quotidien en comprenant progressivement que l’ouverture à la diversité des points de vue est infiniment plus riche que le repli sur soi.

 

Extrait La Petite Fabrique numéro 15, à paraître le 6 avril 2022

Ukraine, comment parler de la guerre aux enfants…

Pourquoi il y a la guerre en Ukraine en ce moment ? (Hector)

Tu sais Hector, il y a toujours eu des Hommes qui voulaient ce que les autres ont. Ils sont prêts à faire la guerre pour prendre le territoire et les richesses des autres. Quand les chefs des pays n’arrivent pas à se mettre d’accord, il y en a un qui peut décider d’utiliser la force avec des armes pour avoir ce qu’il veut. L’autre pays veut se défendre et cela se transforme en guerre.

C’est triste la guerre car il y a des morts.

Oui, Hector, pendant une guerre, il y a toujours des morts, et c’est terrible. C’est normal d’être triste en pensant à ça. Tu peux peut-être te faire consoler par tes parents quand tu ressens ces émotions.

Moi, cette guerre me fait peur ! (Daphné)

Cette guerre fait peur, Daphné, car elle ne se trouve pas très loin de l’Europe, donc de chez nous. Mais il faut que tu saches qu’il y a beaucoup de pays qui se sont réunis pour trouver des solutions ensemble et pour que la guerre ne s’étende pas.

Et ça va marcher ?

Dans la guerre chacun veut gagner, alors on ne peut pas savoir combien de temps elle va durer. Mais une guerre finit toujours par s’arrêter. C’est comme dans une dispute on arrive toujours par trouver un terrain d’entente.

Comme quand je me dispute avec mon frère ?

Oui, Daphné, quand tu te disputes avec ton frère, c’est que vous n’êtes pas d’accord ! Bien souvent chacun veut avoir raison, commander ou prendre le jeu de l’autre ! Et on finit par se réconcilier ! Exactement ! Les disputes peuvent nous aider à être tolérant et trouver des solutions !

Cela veut dire quoi être tolérant ?

Être tolérant demande de s’ouvrir à l’autre ; écouter son point de vue et accepter qu’il ne pense pas comme nous ! Nous sommes tous différents alors c’est important de se parler pour se comprendre. Cela évite d’être violent et de se taper !

Il faudrait que l’Ukraine et la Russie fassent comme ça !

Oui et sûrement qu’ils discutent et négocient pour trouver des accords. Ce qu’il faut retenir dans ce conflit, c’est qu’il y a beaucoup de pays qui se rassemblent et font des choses ensemble pour que cette guerre s’arrête. Cela montre une belle solidarité.

Comment je fais pour ne plus être inquiète ?

Je te conseille déjà de ne pas regarder la télévision car les images sont parfois impressionnantes. Si tu veux avoir des informations tu peux les demander à des adultes. Et quand on a peur ou que l’on s’inquiète, c’est aussi car l’on se sent démuni et impuissant. Alors peut-être que comme les pays d’Europe qui soutiennent l’Ukraine, nous pourrions faire quelque chose à notre niveau pour aider les Ukrainiens.

On pourrait faire quoi pour aider ?

Tu peux peut-être avec ton école faire des dessins et écrire de jolis messages pour dire aux enfants qui vivent la guerre que tu penses à eux. Tu peux aider des grands qui font des collectes pour envoyer des produits de première nécessité. Il y a différentes façons d’agir chacun à notre niveau contre la guerre.

Et ça va vraiment aider ?

Bien sûr, nous pouvons tous avoir une utilité. Et quand on fait cela, c’est encourageant et cela donne envie de faire plus. Et puis cela donne des idées aux autres et à force de petites actions cela peut amener de grandes transformations ! D’accord alors on va en parler à notre classe !

Merci à Carine Simonet d’avoir répondu aux questions des enfants.

Autrice de Les questions ça fait grandir ! Larousse jeunesse, illustrations Isabelle Maroger, 2021.

 

GARÇON OU FILLE, C’EST PAREIL ?

À la maison

Nous avons conscience aujourd’hui des dommages infligés par ces différences éducatives, souvent désavantageuses à l’égard des filles, qui ont été cultivées et transmises de génération en génération mais rarement remises en question. Tellement ancrés culturellement, ces stéréotypes ont la vie dure, à tel point qu’on peut encore surprendre des réflexions comme « quand on est un petit garçon courageux, on ne pleure pas ! ». Pourtant, sur la théorie, on est à peu près au point et beaucoup de parents sont très vigilants sur le sujet.

Dans la pratique, cela se corse, car il s’agit avant tout de transmission par l’exemple.

Comment réagir quand grand-père et les hommes de la famille restent à table alors que toutes les femmes se lèvent pour aider ? Que faire, sans blesser personne, lorsque votre mère explique à vos filles qui hurlent de rire qu’« une jeune fille bien élevée doit être discrète » ?

Déjà, si cela vous heurte, le plus gros du travail (la prise de conscience) est fait ! Profitez-en pour ne pas bouillir dans votre coin. Les enfants nous servent souvent de révélateur et nous ouvrent les yeux. C’est le moment d’agir !

  • Pour vous sentir aligné·e, ne subissez pas et réagissez avec humour : proposez aux hommes un défi : « Pouvez-vous débarrasser la table aussi bien et vite que les femmes ? »
  • Dites à votre mère que « oui, c’est bien de ne pas déranger les autres mais que c’est valable pour les garçons comme pour les filles ».
  • Et surtout, parlez-en avec vos enfants : revenez sur le sujet aussi souvent que nécessaire, expliquez que vous n’êtes pas d’accord avec cette manière de faire qui n’est ni juste, ni justifiée.

Occuper l’espace à l’école

À l’école, c’est plus compliqué : les enfants subissent l’influence du groupe mais aussi du corps enseignant qui souffre parfois des mêmes réflexes éducatifs.

Officiellement, selon l’Éducation Nationale, « l’égalité entre les filles et les garçons est un principe fondamental inscrit dans le code de l’éducation qui (…) favorise la mixité et l’égalité en matière d’orientation ». Pourtant, regardons la place donnée aux garçons et celle laissée aux filles dès l’école primaire… Une enquête de l’Unicef souligne que « la cour de récréation reste un espace difficile à partager où les jeux des garçons sont le plus souvent priorisés. Les analyses spatiales le montrent : ils sont au centre, elles sont sur le côté ». Également fort révélatrice, la prise de parole est majoritairement occupée par les garçons qui parlent plus fort, répondent plus facilement aux questions et sont encouragés à attirer l’attention à eux.

Pour les filles, l’école primaire reste le lieu de progression où elles s’intègrent plutôt facilement au système et obtiennent de meilleurs résultats que les garçons. Au collège, en revanche, les tendances s’inversent et « moins d’une fille sur vingt envisage de faire carrière dans les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STIM), contre un garçon sur cinq », alors que leurs résultats à l’épreuve scientifique des enquêtes PISA menées par l’OCDE sont comparables. Cela n’a rien d’anecdotique lorsque l’on sait que les professions dans ces domaines sont très demandées et que la rémunération y est des plus attractives.

Stefan Kapferer, secrétaire général de l’OCDE alertait sur « des préjugés entretenus, sciemment ou non, par les parents, les enseignants et les employeurs. (…) Il nous faut trouver de nouveaux moyens d’ouvrir l’esprit des enfants quant à leurs aptitudes et d’élargir leur horizon professionnel en abordant la question dans ses dimensions sociale et affective*».

*rapport OCDE de 2019 L’égalité des sexes dans l’éducation

La place de chacun

Alors comment agir pour que chacun trouve sa juste place ? Comment aider nos enfants à prendre conscience des schémas reproduits depuis des années ?

Beaucoup d’actions éducatives portent progressivement leurs fruits et les enfants sont assez conscients de cette problématique. Leurs réflexions à ce sujet sont très claires, comme Félix, 5 ans, qui déclarait : « Dire que la philo c’est que pour les grands, c’est comme dire que la danse c’est que pour les filles : ça veut rien dire ! » ou encore Hanah, 10 ans : « La seule différence entre les hommes et les femmes, c’est leur sexe, mais pourtant on les élève de manière différente alors qu’on ne devrait pas. Ce qui est dommage, c’est qu’on apprend surtout aux filles à faire le ménage. »

Les filles savent aujourd’hui que ces différences faites dans l’éducation sont limitantes pour les femmes qu’elles deviennent et que c’est très injuste. Or l’injustice est un moteur puissant pour pousser les enfants à s’intéresser à un sujet. Alors discutons-en avec eux et profitons-en pour déconstruire ensemble les stéréotypes sur le sujet.

Pour aller plus loin :

  • La Carabane, des ateliers philo pour les enfants
  • découvrez l’application SoftKids et le programme “Développer son esprit critique” : deux mois gratuits pour les lecteurs de La petite fabrique avec le code promo : FAMILLE.
  • sur le site grainedecitoyen.fr/égalité garçon-fille, découvrez de nombreuses lectures sur le sujet et des activités gratuites pour vos enfants.

À 6 ans, la majorité des filles se pensent moins intelligentes que les garçons…

À 6 ans, la majorité des filles se pensent moins intelligentes que les garçons* !

La société dans laquelle nous vivons est profondément teintée de stéréotypes. Ces préjugés enferment les individus dans une caricature ou une généralité parce qu’ils sont une fille ou un garçon. Ils sont tellement banalisés que nous ne les voyons souvent pas ou plus. Sans penser à mal, voire en étant soi-même plutôt sensibilisés à la question, nous avons tous des réflexions du type :

Cette petite fille pleure : “C’est normal, c’est une fille”.

Ce petit garçon fait une colère et frappe : “Oui mais c’est un garçon !”

Pourtant les émotions n’ont pas de genre… Les centres d’intérêt non plus. Les catalogues de jouets semblent pourtant encore en 2022 catégoriser les jeux pour filles et ceux pour garçons, les magasins de vêtements aussi. Les médias, le marketing continuent de véhiculer de nombreux clichés.

Et finalement, les études montrent que toutes ces représentations de la société sur ce qui est de l’ordre du féminin et du masculin auront des impacts réels sur Manon et Lucas. À 4 ans, ils adapteront leurs comportements à ce qu’ils entendent (soit sage ma fille, soit fort mon fils). À 7 ans, cela orientera leur choix d’activités manuelles et sportives et à 14 ans leur choix entre une filière littéraire ou technique. Et demain, cela influera très certainement dans leurs choix de carrières.

Filles et garçons ne sont pas similaires, ils sont évidemment différents. Mais la question d’égalité fille-garçon, c’est avant tout une question d’égalité des chances : celle d’ouvrir le champ des possibles à tous les enfants, indépendamment de leur genre !

Trois conseils pour une éducation anti-stéréotypes :

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La littérature jeunesse contre les stérotypes sexistes

La petite fabrique : Les tables des librairies débordent de titres contre les stéréotypes de genre. C’est une belle victoire pour vous qui êtes dans cette dynamique depuis 2014 ?

Marianne Zuzula

Marianne Zuzula : En 2014, nous publions On n’est pas des poupées, notre premier livre jeunesse ; il compte parmi les premiers livres français à destination de la jeunesse abordant de manière frontale la question des clichés sexistes. Aujourd’hui, les maisons d’éditions s’emparent de la question des stéréotypes, j’en suis très contente, cela élargit les propositions et touche davantage de lecteurs. La ville brûle est présente principalement dans les librairies indépendantes, mais certains publics qui achètent leurs livres en supermarchés ou en grandes enseignes ne pourraient pas trouver nos titres. Que certains éditeurs fassent du “feminisme washing” ne me gêne pas, si cela peut permettre à des lecteurs d’être en contact avec des livres antisexistes !

À La Ville brûle, nous sommes très vigilant·e·s quant à la composition des albums. Nous comptons le nombre de personnages filles et garçons, les rôles attribués. Faire des livres inclusifs exige de la discipline, car on a tendance à représenter ce que l’on a vécu et ce que l’on connaît. Je crois, aussi, que c’est une mécanique générationnelle : les nouvelles générations d’auteur·e·s sont naturellement équitables en termes de représentativité de genre, d’origine, d’orientation sexuelle ; c’est une belle avancée.

Nous sommes éditeurs jeunesse, nous ne sauvons pas des vies : notre préoccupation est de publier des ouvrages dans lesquels les enfants et leurs familles sont représentés. Une révolution féministe est en cours, portée par de belles initiatives : les repères des plus jeunes ont changé. Le monde de la culture prend sa part et c’est bien ! Cependant attention, on peut remplir une bibliothèque de livres antisexistes, mais si à l’arrivée les adultes répondent par une organisation familiale sexiste, le propos du livre n’aura pas d’effet.

Pour les enfants, nous recommandons Mon super cahier d’activités antisexistes, de Claire Cantais, éditions La Ville brûle.