QUATRE POSTURES POUR OUVRIR GRAND TES OREILLES

1/Le spectateur : Assis en tailleur bien confortablement, pose tes mains sur tes genoux. Ferme les yeux et prends trois grandes respirations. Essaie d’écouter ta météo intérieure du jour : es-tu énervé comme un orage avec plein d’éclairs ? es-tu joyeux comme un beau jour ensoleillé ? es-tu un peu triste comme quand il pleut ? Puis lance la musique et imagine que de petites notes se promènent dans tout ton corps. Elles commencent par les pieds et montent tout doucement jusqu’en haut de ta tête. N’oublie pas le petit orteil et le bout du nez ! Partout où elles passent, ces petites notes te font du bien, t’apaisent. À la fin du morceau, pense une nouvelle fois à ta météo intérieure. La musique a-t-elle changé quelque chose ?

2/Le tambour : À quatre pattes, la nuque et les épaules bien détendues, inspire longuement en creusant ton dos puis expire en le bombant le plus haut possible. Comme un chat qui s’étiiiiire lentement. Recommence au moins 5 fois. Surtout, prends ton temps !

3/Le triangle : Couché sur le dos, plie tes jambes et ramène tes plantes de pied l’une contre l’autre. Puis plie tes bras vers le haut et attrape tes oreilles (doucement !) avec les mains. Dans cette position, respire lentement et profondément pour ouvrir grand ton cœur et tes oreilles.

4/L’accordéon : Couché sur le côté gauche, plie tes jambes en équerre l’une sur l’autre et allonge tes bras devant toi. Puis, en prenant une longue inspiration, ouvre ton bras droit bien tendu jusqu’à toucher le sol derrière toi. Et, lors de l’expiration, ramène ce même bras vers le bras gauche. Recommence 3 fois avant de faire la même chose du côté droit.

Un bâton magique pour réveiller la nature

Avant de partir pour cette balade en conscience, je vous invite à préparer chacun votre baguette qui permettra de réveiller l’environnement autour de vous. Cette baguette servira également à récolter les trésors ramassés en chemin, comme un bâton de voyage.

Matériel :

Un bâton ramassé au sol

Des rubans, de la laine, des fils de coton, des chutes de tissus… laissez la créativité opérer au gré des envies, en réutilisant tout ce que vous trouverez au fond de vos tiroirs.

Des grelots, que vous pouvez aussi remplacer par des petits coquillages qui ont un trou.

Réalisation :

1. Entourez le bâton avec les rubans ou les autres matériaux sélectionnés. Ne serrez pas trop fort, pour permettre d’y glisser facilement les trésors trouvés.

2. À l’extrémité du bâton, accrochez en grappe vos grelots. Pour cela, enfilez tous les grelots (ou les petits coquillages) sur un fil. Faites un noeud simple pour les maintenir ensemble. Accrochez ensuite au bout du bâton en prenant soin de faire plusieurs tours de fil pour qu’ils résistent bien au déchaînement de la balade !

3. Chaussez vos bottes, apportez aussi des petites percussions si vous le souhaitez… et c’est parti pour le grand réveil !

Échangez avec votre petite troupe en adoptant une posture de guide : à votre avis, quel animal a bien pu hiberner ici pendant cet hiver ? Et lesquels ont hiverné ? Qui doit encore dormir ? Que pouvez-vous observer comme signe de réveil sur les végétaux ? De quelle couleur sont les premières feuilles ? Remarquez-vous des fleurs que vous n’avez jamais vues ?

N’oubliez pas de chanter pour la nature, de transmettre votre joie de la redécouvrir en pleine vie après la période froide et sombre. Sauter dans les flaques est évidemment fortement recommandé… Enfin, n’oubliez pas de collecter vos trésors sur votre baguette !

De retour à la maison vous pourrez contempler vos trouvailles, les observer minutieusement, et les déposer sur votre de la nature printanière (ou table des saisons).

Article extrait de la petite fabrique n°19.

Ode à la gourmandise

Petite fille, j’attendais le réveillon avec impatience. Comme tous les enfants me direz-vous. À la différence que je grandissais en Afrique, loin des traditions et du froid hivernal.

Ce temps-là me reconnectait à mes racines, à la personne de ma grand-mère en particulier. J’admirais sa constance et sa puissance, elle qui gérait tout d’une main de maître. D’ordinaire plutôt effacée, peu sûre d’elle, elle en imposait. En cuisine, comme on disait en Afrique, « y’avait pas son deux » ! Je sentais qu’elle était détentrice de secrets culinaires inestimables. Et je me sentais réconfortée, nourrie par toute l’énergie qui régnait quelques jours avant le réveillon.

« Plus que tout, nous nourrissons la joie d’être ensemble. »

Prémédités de longue date, longuement mijotés, les plats étaient parfois simples, mais toujours plus généreux en saveurs et épices qu’en temps normal. Chaque mets était accueilli par des soupirs d’aise et de joie, qui en disaient long sur l’attachement aux traditions, proche d’une dévotion gourmande.

Je n’ose vous avouer que chacun attendait en frétillant les escargots au beurre persillé, moi y compris ! J’y repense avec horreur aujourd’hui (et oui, tout change…), mais quel plaisir nous avions…

Je ferme les yeux. Je m’aventure un peu plus dans ces souvenirs. Je revois ma grand-mère modestement apprêtée, sous son tablier à petites fleurs bleues. Elle s’affaire aux fourneaux, un peu tendue. J’entends les cliquetis des couvercles de casseroles qui se soulèvent et se referment. Tout doit être parfait. Tel qu’on lui a enseigné en école de cuisine, alors qu’elle était jeune fille. Peu loquace, elle est concentrée à la tâche, bien consciente d’occuper le rôle principal ces soirs-là. Un rôle auquel elle se prépare depuis des semaines. Chaque année, le mois de novembre est consacré à la confection des petits gâteaux de Noël typiques de Lorraine. Tant attendus. Stockés dans de grandes boîtes en fer, dans un lieu tenu secret.

Chapeaux de Napoléon, pains d’épice recouverts d’un délicat glaçage blanc, palets… Mes préférés sont de loin les Spritz, aux deux extrémités chocolatées. Mais avant de succomber à leur charme, il nous faut accueillir comme il se doit les deux “grandes dames” de la soirée. Les clous du spectacle. Les bûches. Une au café, une au chocolat. Elles attendent leur heure dans la tranquillité et la fraîcheur de la chambre d’invités. Ma petite soeur et moi allions les voir en cachette dès notre arrivée, pour s’assurer qu’elles étaient bien là. Les dévorant des yeux, commençant déjà un peu à les déguster.

Aux sons de chants de Noël allemands auxquels nous ne comprenions rien, mais qui avaient le pouvoir de remplir le coeur de mon grand-père de béatitude, nous nous délections à chaque bouchée de tout le soin et l’amour mis dans la préparation.

Aujourd’hui

J’ai hérité du carnet de cuisine de ma grand-mère. Mon trésor. Illisible le plus souvent – écrit en patois –, il a traversé des fêtes et des épreuves aussi. Il a été témoin d’une énergie d’amour et de foi dans le plaisir de manger, de transmettre des traditions. Les petits gâteaux de Noël sont prêts. Peut-être sont-ils moins savoureux que ceux de ma grandmère, mais le symbole est tout bonnement délicieux. Dès la veille du réveillon, la cuisine est en émoi. Depuis quelques années, nous organisons ce repas entre soeurs. Quelle joie de construire ensemble ce moment ! Plus d’escargots au programme (je soupçonne ma soeur d’en manger en douce à un moment ou un autre), mais des recettes colorées, végétariennes, qui célèbrent nos valeurs de respect pour le bien-être animal. Et si ce choix est le mien, je considère que fondamentalement, chaque menu est juste s’il est l’évocation de traditions chères à notre coeur. Qui dit rassemblement dit aussi points de vue et régimes alimentaires différents ; cela fait partie du jeu. C’est là aussi notre cadeau le plus merveilleux : choisir les recettes qui donneront le plus de plaisir à chacun, qui sèmeront couleurs et magie sur notre table.

Se rassembler, se réchauffer de plats consistants. Recréer une chaleur intérieure dans le froid hivernal. Mettre des chants de Noël. Évidemment. Se sentir heureux d’être au chaud, en sécurité. Un beau cadeau. En ressentir de la gratitude. En recréant la gourmandise des Noëls d’enfance, dans la pleine conscience de l’héritage transmis à travers les générations, nous nous nourrissons pleinement : coeur, corps et âme. Alors profitons de ces fêtes de fin d’année pour cuisiner, savourer les mets festifs qui nous réunissent autour de la table, créons les traditions qui font véritablement sens pour nous. Laissons à chacun le soin de se servir la portion dont il a besoin, respectant ses goûts. Et plus que tout, nourrissons la joie d’être ensemble !

Pour un Noël nature et responsable

Parce que elle est convaincue qu’il est aujourd’hui possible de faire des cadeaux tout en respectant la planète, Nanja a créé Bleu Blanc Louve. Et si on (re)donnait du sens à nos cadeaux ?

Bookimini est le premier concept de box personnalisée de livres d’occasion destiné aux enfants. À partir d’un questionnaire sur l’enfant, Delphine, la fondatrice, réalise une sélection pointue de 2 livres d’occasion, qu’elle agrémente d’activités créatives et de surprises comme un marque-pages en origami ! Une très belle idée cadeau pour (re)donner le goût de la lecture aux enfants. 
Son coup de cœur : l’abonnement pour 6 mois avec 3 box contenant 2 livres chacune.

La renardeau box propose des expériences scientifiques et des ateliers créatifs pour les 4-8 ans, sur un thème en lien avec la nature. Chaque box est imaginée et créée par Maud, enseignante libre passionnée par les pédagogies nouvelles. Tout le matériel nécessaire est inclus pour réaliser les créations en autonomie, et sans déchet.  Une idée de cadeau unique pour répondre à toutes les questions que les enfants se posent sur la nature et le vivant, en créant !
Son coup de cœur : la box « L’univers du végétal »

Lagadoue est une marque de vêtements d’extérieur confortables et évolutifs pour les enfants de 6 mois à 6 ans environ. Issus de matières recyclées, tous les modèles résistent aux chutes, à la pluie (et à la neige) et se nettoient avec un simple coup d’éponge. Une idée de cadeau durable pour vos prochaines sorties en nature. 
Son coup de cœur : la salopette « Menthe »

Botaki propose une box mensuelle pour les 6-10 ans, afin de découvrir la nature et la préservation de la planète. Chaque box est composée d’une activité, d’un magazine et d’une planche de stickers, pour tout savoir sur le thème choisi. Des kits sont aussi disponibles à l’unité ! Une idée de cadeau parfaite pour apprendre à prendre soin de la planète en s’amusant !  
Son coup de cœur : le kit « Fabrique ton hôtel à insectes »

• Adepte des balades en nature, Pierre a créé des carnets pour répondre à son besoin d’apprendre, sans s’encombrer de gros ouvrages peu pratiques à transporter. Grâce à leur petit format et leur matière résistante, ses carnets thématiques, dessinés et reliés à la main sont parfaits pour accompagner toutes les balades de vos enfants.  Une très jolie idée de cadeau pour les petits explorateurs de la nature ! 
Son coup de cœur : le carnet « Arbres, feuillus et résineux »

Le calendrier de l’Avent nature

Comment ça marche ?

Téléchargez et imprimez votre calendrier de l’Avent Nature. Expliquez aux enfants son fonctionnement et affichez-le. Il commence dès le mercredi 30 octobre 2022.

Il est pensé de cette façon :

• Lundi, mardi, jeudi et vendredi : mini-chasse au trésor (dedans ou dehors)
• Mercredi : récolte d’éléments naturels pour l’atelier créatif du samedi
• Samedi : atelier créatif autour d’un thème suggéré
• Dimanche : atelier cuisine avec une recette typique de l’Avent

Sur les réseaux, vous retrouverez tout au long du mois de décembre des infos et des anecdotes à partager liées à la saison et les recettes à savourer chaque dimanche.

Ce calendrier a été conçu par Marion (du compte @enjeuxdenfants). Maman de deux petits garçons, passeuse de nature, elle propose des ateliers d’éveil et de connexion à la nature, yoga pour enfants en région parisienne. Son site : dansleurnature.com

Calme et attentif comme une grenouille – Entretien avec Eline Snel

Comment avez-vous créé votre méthode ?

Je pratique la pleine conscience depuis plus de quarante ans et j’enseigne la méditation depuis une trentaine d’années. Tout a commencé grâce à ma fille, chez qui, à l’âge de 12 ans, on a diagnostiqué un TADH (trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité). À l’époque, il n’existait aucune méthode de méditation pour les enfants. Les enfants peuvent tirer des bénéfices incontestables de la pleine conscience, je m’en suis rendu compte très vite avec ma fille puis auprès de nombreux autres enfants.

Vous expliquez que, jusqu’à un certain âge, les enfants vivent naturellement connectés à leur corps et à leur monde intérieur.

Chez les jeunes enfants, tout est lié. Tout leur être est connecté, corps, âme, émotions et sagesse, ce savoir qu’ils portent en eux naturellement. Quand ils commencent à acquérir un savoir cognitif et cherchent à atteindre des objectifs, avoir de bonnes notes en classe par exemple, ils perdent cette connexion à eux-mêmes et se mettent à vivre dans leur tête, comme de petits professeurs.

La pleine conscience reconnecte les enfants à leur dimension intérieure. Ils sentent immédiatement que c’est bon pour eux, que c’est ce dont ils ont besoin pour rester proches de ce qu’ils sont et devenir qui ils sont. La pleine conscience leur procure de la joie, de la sérénité, du calme… mais pas seulement ! Elle leur permet de découvrir qu’ils sont courageux, volontaires ou intrépides. Ma méthode n’a pas pour vocation de faire des enfants calmes, mais des enfants ouverts, attentifs à leur richesse intérieure. Ils renouent avec leurs émotions et leurs sentiments, que certains identifient parfois pour la première fois. Ils mettent des mots dessus, font des liens et les situent dans leur corps, car nos sentiments et nos émotions sont toujours logés quelque part. Apprendre très tôt à vivre en accord avec ses émotions est une chance ! Vous avez une approche multimodale, qui passe par le dessin, les contes, la gymnastique, la respiration et la réflexion. Tous les chemins sont bons à prendre pour apprendre à se découvrir et se reconnecter à soi-même. Ce sont aussi différents outils pour se relier aux autres et à la réalité. Quand un enfant établit sa météo intérieure avec les dessins de la petite grenouille, il se penche sur ses émotions et apprend que, s’il ne peut pas changer le temps, il peut ajuster sa réponse. Est-ce que je ressens de la colère, de la peur, de la joie, de la tristesse ? Dois-je mettre un pull s’il fait froid, un imperméable s’il pleut, des sandalettes s’il fait beau ? Quand l’enfant médite, il est invité à identifier s’il voit cette émotion dans sa tête ou s’il la ressent.

Il commence à comprendre ce qu’il vit, ce qui est très important pour lui. Et s’il ne le comprend pas, aucun problème : il profite d’un moment où il n’a pas à accomplir quelque chose, bien faire ou se tromper. C’est très différent du quotidien, où il est sans cesse évalué.

Votre deuxième livre, L’Éveil de la petite grenouille s’adresse aux tout-petits, mais aussi à leurs parents et aux adultes qui contribuent à leur éducation. En quoi la pleine conscience peut-elle aider les parents ?

La pleine conscience, c’est faire le choix d’être pleinement présent à ce qu’on fait. Quand vous emmenez vos enfants se coucher, emmenez-les se coucher, quand vous lisez un livre, lisez un livre, ne faites rien d’autre en même temps. La clef, c’est la présence. À soi et à son enfant. Être présent est un exercice de tous les instants. Ce n’est pas facile et demande beaucoup d’attention, car la plupart du temps nous sommes absents. Nous pensons à la liste de courses, au rendez-vous chez le dentiste, à ce qu’on va cuisiner ce soir, alors que nos enfants veulent partager ou faire quelque chose avec nous, en tout cas avoir notre attention. Quand on veut devenir pianiste, il faut pratiquer. C’est pareil pour la présence. Méditer vous aide à mieux vous rendre compte des moments où vous n’êtes pas pleinement présent. Méditer est accessible à tous, à tout moment de la journée, sous la douche, en se lavant les dents ou en marchant dans la rue sans se précipiter. Il suffit de respirer calmement et d’être attentif à chaque sensation.

Diriez-vous que les enfants vivent l’instant présent de façon plus intense que les adultes ?

Très certainement. Mais ils n’en sont pas conscients. La méditation en pleine conscience travaille sur cette conscience-là, l’attention à ce que nous vivons, pensons, ressentons ou faisons au présent. À partir de 3 ou 4 ans, les enfants savent faire la différence entre un « oui » plein et entier, présent, et un « oui » qui veut dire « peut-être », « attends », « je ne sais pas ». Avant 3 ans, ils sont impulsifs, exclusivement, et ne distinguent pas ces nuances. Ils ne peuvent pas non plus méditer. Les adultes doivent donc leur montrer, par l’exemple, différentes réponses possibles à une situation. Tous les enfants naissent avec une bonté intérieure naturelle. En cas de crise, la solution consiste, pour l’adulte comme pour l’enfant, à trouver la voie vers cette bonté. En établissant un contact visuel, on peut gentiment suggérer qu’il existe d’autres possibilités que la morsure, les cris ou les coups pour exprimer une émotion. Les enfants deviennent ce que vous leur montrez. Ils apprennent par imitation, grâce à leurs neurones miroirs. Si leur environnement est agité, ils le seront eux-mêmes. Quand leurs parents crient, ils se mettent à crier aussi, ils copient. Il en va de même avec la capacité à se calmer ou à rester calme, à être présent à soi-même, au présent, à ce qu’on vit, aux autres. Quand vous regardez votre enfant sans jugement, avec tout votre amour, non seulement vous voyez qui il est profondément, mais vous comprenez beaucoup mieux son comportement. Le caractère d’une personne ne change jamais.

En somme, votre méthode n’a pas pour but de changer le monde, mais de permettre à ceux qui l’appliquent de rester le plus sereins possible dans un monde en mouvement.

Exactement : s’accepter soi-même et reconnaître que ce que je traverse est difficile, stressant. J’ai le droit de ne pas être heureux, d’être agité, excédé par le comportement de mon enfant. Voilà, c’est un fait : les choses sont ce qu’elles sont. Personne n’attend de vous que vous soyez parfait, vous ne le serez jamais. Et n’attendez pas de le devenir, ou vous serez extrêmement déçu. La pleine conscience aide à se rendre compte des moments où on est à bout et, la prochaine fois, de s’en rendre compte avant d’exploser en larmes, de colère ou de fatigue. Elle permet de trouver en soi la ressource pour faire de son mieux. Pour les parents, il n’est pas toujours facile de comprendre ce que les très jeunes enfants expriment à travers leurs comportements, il n’est pas toujours facile non plus de réagir calmement. Élever un enfant réveille de vieux souvenirs et rouvre des blessures. On n’est même pas toujours conscient des raisons pour lesquelles on réagit de telle ou telle façon… Se rappeler qu’on a la solution en soi et prendre quelques secondes pour respirer, être présent et connecté à son monde intérieur permet de ne pas se laisser déborder par sa propre histoire et de se montrer bienveillant envers soi-même. Parfois, ,pour y voir clair, on aura besoin d’en parler avec quelqu’un. Mais la méditation peut déjà beaucoup aider à reconnaître, à travers toutes les ombres, ce qu’il y a de bien en soi. À partir de là, on voit mieux ce qu’il y a de bien chez les autres.

N’oublions jamais que les enfants sont un peuple à part. Ils viennent au monde avec un jardin intérieur unique, bien à eux, qui peut être très différent du nôtre. La tâche du parent n’est pas de modifier ce jardin intérieur en y plantant ses propres graines ou ses propres plantes, mais de veiller à lui donner suffisamment de lumière et d’eau, d’amour, de confiance et d’attention pour faire de l’enfant un petit jardinier heureux… Le propriétaire, c’est l’enfant. Son jardin est tel qu’il est, il lui appartient. En étant curieux et en le regardant sans préjugés, avec bon sens et étonnement, vous découvrirez tout ce qui s’y trouve et en prendrez soin d’autant mieux. Vous laisserez plus d’espace à votre enfant.

Portrait © Kee and Kee

La communication NonViolente en famille

Le psychologue américain Marshall Rosenberg fut victime de violences en raison de ses origines juives lorsqu’il était enfant. Il a développé la Communication NonViolente (CNV) dans l’intention d’encourager la paix, la bienveillance et la coopération entre les êtres humains. De la même façon, les mouvements pacifistes et non-violents de Martin Luther King et de Gandhi visaient à apporter la paix dans le monde.

Plus qu’une technique de communication, la CNV est une philosophie humaniste au service d’un art de vivre. Elle demande avant toute chose de changer notre regard sur l’autre et sur nous-même. L’idée est que chaque humain a la même valeur et les mêmes besoins essentiels. À partir de là, il devient beaucoup plus évident de nous relier à notre humanité commune, dans l’empathie et le respect mutuel.

Outil de transformation puissant des relations et donc de la société, la CNV requiert une pratique régulière pour être véritablement intégrée. Trouverons-nous le temps d’apprendre à nous affirmer sans écraser l’autre et à l’écouter sans nous négliger ? Et puisque les enfants reproduisent ce qu’ils nous voient faire, n’est-ce pas un enjeu éducatif crucial d’incarner cette humanité et de soigner la qualité de nos relations ?

Qu’est-ce que la CNV ?

La Communication NonViolente (CNV) est une invitation à reconsidérer notre façon de nous exprimer, d’écouter et d’entrer en relation.

Elle repose sur 4 étapes essentielles pour que la communication soit constructive :

– Observer sans juger
– Exprimer ses sentiments sans interpréter
– Parler de ses besoins sans passer tout de suite aux stratégies
– Demander ce dont on a besoin sans l’exiger.

Pour aller plus loin

L’association Déclic propose des parcours destinés aux parents “Déclic en famille”, pour se former aux bases de la CNV. Informations sur declic-cnveducation.org

50 activités bienveillantes pour découvrir la CNV, Isabelle Capy et Fanny Rondelet, Larousse, 2020.
Des activités pour se familiariser avec les étapes du processus de CNV : observations des ressentis, écoute, prise de conscience des besoins, formulation d’une demande avec un support constitué de cartes des besoins.

La CNV avec les enfants, Anne van Stappen, Jouvence, 2020.
Un petit cahier à destination des parents désireux de s’engager dans la voie de la CNV pour aligner leurs intentions à leurs pratiques éducatives.

• Thomas d’Ansembourg, Anne van Stappen et bien d’autres proposent des sessions de formations à la CNV en présentiel et en ligne.

Faire la paix, un documentaire incontournable

Non, la paix n’est pas une utopie ! Désirée par tous, elle est un idéal commun à reconquérir tous les jours. Quelles sont ses conditions ? Justice, respect des différences, lutte contre l’intolérance, dialogue… Cet ouvrage aborde avec profondeur et simplicité des questions complexes, épaulé par le renfort de la philosophie, de l’histoire et de la littérature. Qu’est-ce que refuser de combattre ? Comment obtenir justice sans violence ? Et finalement comment ne plus partir en guerre contre notre « adversaire » ultime, la nature, notre maison ? Ce livre nous rappelle qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre à faire la paix et nous ramène à notre responsabilité : plus que jamais, « nous sommes ce que nous accomplissons ».

Faire la paix, Philippe Godard & Barroux, Saltimbanque éditions, 2022, 14,90 €.

 

La paix, ça s’apprend !

Dans nos relations, nous sommes habitués à vivre des situations de confrontation et de rapports de force, qui nous éloignent indéniablement de ce à quoi nous aspirons : des relations harmonieuses, une atmosphère paisible, en particulier au sein de notre famille. À force d’essayer d’imposer notre point de vue à l’autre ou de lui prouver qu’il a tort, nous nous privons d’une connexion véritable et de la joie d’être ensemble.

Cependant, la paix ne tombe pas du ciel, martèle Thomas d’Ansembourg, psychothérapeute, expert en Communication NonViolente, auteur de La paix, ça s’apprend ! (Actes Sud, 2016) : « Les rapports de domination – qui génèrent beaucoup de violence – ne sont pas notre seule façon d’être au monde. »

Selon lui, la paix devrait être enseignée « avec la même évidence que lire, écrire et calculer qui sont les trois piliers de base de l’enseignement sur la planète. Chaque citoyen devrait avoir l’occasion d’apprendre quels sont ses sentiments, quels sont ses talents, comment les mettre au monde, y être encouragé et développer ainsi une belle, bonne et juste estime de soi. Chacun devrait aussi apprendre à écouter les sentiments inconfortables, désagréables, la colère, le désarroi, la tristesse, la solitude, l’impuissance, que nous traversons tous tôt ou tard, en sorte de comprendre ses besoins sous-jacents avant de faire payer sa colère ou sa rage aux autres. Il y a un vrai enjeu de société dans ce travail de connaissance de soi.

En tant que parents, on peut peut-être proposer des petits changements, ne serait-ce qu’un atelier d’une heure par semaine. Imaginez la puissance, si dès demain un grand nombre de parents frappaient à la porte des directions d’école en disant : « Nous souhaiterions que nos enfants aient des cours de connaissance de soi, c’est un enjeu citoyen aussi important que lire, écrire, calculer ou faire de la gymnastique. » La gym des neurones et du coeur est importante pour intégrer d’autres approches. C’est une révolution qui est dans nos mains.

Dans toute école, il peut y avoir un petit groupe de parents inspirés et mobilisés qui pourrait proposer ça. À ce titre, on peut saluer le travail de l’association Déclic-CNV fondée par Catherine Schmider pour promouvoir la connaissance de soi, la médiation des conflits, l’intelligence émotionnelle auprès de l’Éducation nationale ; elle fait un très beau travail de formation des enseignants et des parents ! »*

*Extrait de notre entretien avec Thomas d’Ansembourg, dans La Petite Fabrique n°15.

La paix, ça s’apprend, paru en 2016 chez Actes sud, le livre de Thomas d’Ansembourg et David van Reybrouk

Montessori : « L’éducation, une arme de paix »

L’expression peut nous sembler un peu étrange et ésotérique. Elle vient simplement du mot grec cosmos qui veut dire monde. Son objectif est de permettre à l’enfant de comprendre quelle est sa place et celle de l’humain sur la Terre, dans l’Univers. Elle vise à lui faire comprendre que tout, des galaxies aux écosystèmes, y est interdépendant et étroitement relié. Rien n’existe seul, en autarcie.

Tout coexiste avec un nombre infini d’autres êtres, avec lesquels il faut apprendre à cohabiter pour ne pas se détruire soi-même en les mettant en péril.

Nous parlons aujourd’hui beaucoup du matériel estampillé Montessori mais ne mentionnons malheureusement que très peu ce dont nous aurions pourtant le plus besoin : ce que la pédagogue a appelé les “grands récits”. Ils constituent les pièces maîtresses de son éducation cosmique. Elle recommandait de raconter régulièrement aux enfants l’histoire de l’Univers et de la formation de la Terre, celle de l’évolution du vivant à partir des premières formes de vie (qui inclut l’incroyable moment des dinosaures !) et celle du genre humain à partir des hommes préhistoriques.

Nous pouvons transmettre cette éducation cosmique à la maison en s’appuyant sur des albums ou des contes, mais l’enjeu est surtout d’en faire vivre l’état d’esprit : la certitude que la paix se bâtit au quotidien en comprenant progressivement que l’ouverture à la diversité des points de vue est infiniment plus riche que le repli sur soi.

 

Extrait La Petite Fabrique numéro 15, à paraître le 6 avril 2022