Super power cookies (avec ou sans gluten)

Préparation : 15 min

Cuisson : 20 min

Ingrédients :

• 1 tablette de chocolat que vous appréciez (noir, bien amer ou plus doux, au lait selon vos goûts)

• 50 g de sucre roux de canne

• 50 g de bon beurre demi-sel

• 2 oeufs frais (AB) bien rebondis

• 40 g d’une onctueuse purée d’amandes complètes

• 180 g de farine de blé (T65) ou d’un mélange de farines sans gluten (30 g de farine de coco, 75 g de farine de maïs et 75 g de farine de riz)

• 1 c. à c. de levure chimique (à remplacer dans la version sans gluten par une c. à c. de gomme de guar)

 

Préparation :

Préchauffez le four à 175°.

Mettez-y le beurre dans un récipient adapté au four pour l’attendrir

Commencez par réduire 100 g de chocolat en pépites. Réservez-les si vous désirez des cookies au teint pâle ou

naturel. Si vous les voulez au teint plus hâlé, laissez-les dans le bol dans lequel vous poursuivrez la préparation.

Ajoutez les 2 oeufs, en les cassant en douceur, à l’écoute des bruits. Fouettez énergiquement puis ajoutez le sucre.

Fouettez de nouveau. C’est au tour du beurre et de la purée d’amandes de

rejoindre le mélange. Enfin, la farine vient se mêler en douceur à notre pâte.

Mélangez en conscience tous les ingrédients pour obtenir une pâte ni trop ferme ni trop liquide. Ajoutez les pépites

si vous ne les avez pas mises en début de recette.

Prenez une cuillère à café et déposez de petits tas (ou des gros) pour constituer vos futurs cookies sur une plaque

de cuisson. Aplatissez légèrement les tas et hop, une vingtaine de minutes au four ! Un peu ou un peu moins

selon si vous les aimez croustillants ou peu cuits.

Ma boîte à bonheurs

Il se passe plein de choses dans une journée !
Il peut y avoir des choses qui t’amusent, d’autres qui t’enthousiasment, ou certaines qui t’énervent ou te rendent triste.
On peut jouer et bien s’entendre avec les copains, mais il arrive parfois de se disputer ou de se faire mal.
De la même manière que dans un jardin on peut élire les plantes que l’on souhaite arroser, soigner, regarder fleurir, tu peux aussi choisir à quelles expériences tu as envie de prêter le plus attention.
Comme dans la nature, ce sont celles dont tu prends le plus soin qui grandiront le mieux.

Pour prendre soin des choses chouettes de ta vie : construis ta boîte à bonheurs !

Tu peux par exemple prendre un carton ou une boîte à chaussures et y rassembler des choses qui t’aident à te sentir bien. Peut-être parce qu’elles te rappellent un bon moment : un galet que tu as ramassé sur la plage, ou une pomme de pin ramassée sur un chemin lors une promenade. Ou alors un souvenir en lien avec des personnes que tu chéris : cela peut être des photos, des images, des dessins, de petits objets… Tu peux aussi décorer ta boîte à bonheurs à ta manière.

Lorsque tu auras besoin d’un peu de réconfort, tu pourras t’y plonger à la recherche d’une surprise, ou d’un trésor oublié.

Pssst ! Pense à y ajouter régulièrement de nouveaux éléments qui te font du bien !

Film Le voyage dans la lune

ENTRETIEN

Rasmus A. Sivertsen – LE VOYAGE DANS LA LUNE

Au cinéma le 6 novembre – à partir de 5 ans

 

Pourquoi avoir fait le choix d’une odyssée spatiale pour le dernier volet de la trilogie adaptée de l’œuvre de Kjell Aukrust ?

Nous n’avions pas prévu que l’intrigue de ce troisième et dernier volet nous emmène sur la Lune. Nous développions des pistes tout à fait différentes quand une nouvelle “conquête” de l’espace a commencé : tandis que la NASA explorait Mars avec des rovers, Elon Musk, à la tête de SpaceX, envoyait sa voiture dans l’espace et rêvait d’établir les première colonies humaines sur Mars. Mais les textes de Kjell Aukrust sont primordiaux et nous y sommes revenus pour ancrer le scénario. Il était très intéressé par la course qu’ont menée les États-Unis et l’URSS dans les années soixante, il y a consacré des planches de BD et a inventé des anecdotes pleines d’humour. Cela nous a convaincus d’écrire une aventure spatiale et de fabriquer une incroyable fusée.

Entre 2013 et 2018, vous avez réalisé trois long-métrages consacrés au trio de Ludvig, Solan et Feodor ; comment les techniques d’animation, les scénarios et les personnages ont-ils évolués en cinq ans ?

Les trois films ont été tournés en stop-motion. Nous avons gardé les mêmes décors et les mêmes poupées d’un film à l’autre, mais l’idée était d’enrichir l’univers avec chaque projet et de montrer combien l’œuvre de Kjell Aukrust est drôle et sa galerie de personnages riche. Le premier film ne comptait que cinq personnages et très peu de décors. Dans le second film, nous avons introduit des personnages du village voisin et l’histoire nous a permis d’explorer des paysages et des décors bien plus vastes avec une course à travers le pays. Avec ce dernier film, outre l’espace, nous abordons aussi des notions politiques et médiatiques qui sont nouvelles. Le film présente des scènes spectaculaires.

Comment avez-vous travaillé sur ces scènes capitales depuis l’écriture jusqu’à la post production ?

De toute la trilogie, ce sont les scènes les plus difficiles que nous ayons produites. Je ne souhaitais pas utiliser d’animation numérique 3D, ce qu’on appelle la CGI, et surtout pas pour la fusée. Je suis persuadé que les spectateurs auraient immédiatement repéré la différence avec le stop-motion. Nous avons donc construit deux fusées. Une petite, qui faisait tout de même un mètre de haut, a servi pour les plans larges du vol spatial, tandis qu’une grande permettait aux personnages d’interagir avec, lors des scènes d’action (décollage, atterrissage, sortie de l’habitacle…). Imaginez-vous en train d’animer à la main une fusée d’un mètre de haut en vol. Chaque plan relève de l’exploit ! Alors que le tournage était fini et les décors rangés, il restait encore un animateur qui travaillait toujours d’arrache-pied sur l’animation de cette “petite” fusée. Il n’est pas évident que l’animation image par image de marionnettes et le genre de la science-fiction soient compatibles. Dans la fusée, il y a un petit lit à baldaquin en bois et des rideaux aux hublots : vous avez souligné l’univers folklorique tout en proposant une histoire qui repose sur des innovations techniques.

Pourriez-vous expliquer cette combinaison originale ?

L’univers original de Solan et Ludvig est bourré d’innovations, d’inventions, nous n’avions donc pas l’impression de nous en éloigner. On y trouve des machine à fabriquer de la neige, des machines à café bricolées maison, des deltaplanes à hélices, alors pourquoi pas une fusée ? Je suis convaincu que les meilleurs films de science-fiction sont ceux qui ne sont pas trop lisses, ceux qui ont gardé du grain et un côté steam-punk dans leurs effets spéciaux, comme Star Wars, épisode IV – Un nouvel espoir, ou le premier Alien par exemple.

Pourriez-vous nous en dire plus sur le stop motion et la fabrication de film ?

Le studio occupait 1000 m², que nous avons divisés en 13 décors. Certains, comme la surface de la Lune, étaient vraiment gigantesques, d’autre étaient très petits, comme les toilettes dans lesquelles Ludvig aime se réfugier. Pour chaque personnage principal, nous avions quatre poupées, plus une version des poupées en combinaison spatiale, ce qui permettait de tourner plusieurs scènes simultanément. Les poupées sont entièrement fabriquées à la main et leurs vêtements sont eux aussi cousus, tricotés, et brodés à la main. Pour le personnage de Stella von Gnad, la Maire du village, il nous a fallu six mois depuis les premiers essais jusqu’aux marionnettes définitives ! Les mécanismes des poupées exigent beaucoup de temps de fabrication, notamment les têtes qui peuvent être animées afin de modeler des expressions sur les visages. Nous visions trois secondes d’animation par jour et par animateur, mais nous avons rapidement compris que c’était intenable. Les scènes étaient trop complexes et les actions très sophistiquées. Je pense que nous produisions plutôt 2,5 secondes d’animation par jour et par animateur en moyenne. Plus la fusée vole, plus les personnages évoluent en apesanteur et plus il faut d’attention et de matériel pour animer les scènes, nous l’avons appris à nos dépens !

LE VOYAGE DANS LA LUNE fait souvent référence à d’autres films de science-fiction, était-ce une dimension importante dans votre travail d’écriture ?

Les références sont venues spontanément. Nous n’avons pas cherché à faire un film référencé, mais plutôt à écrire une histoire cohérente et forte sur trois compères qui s’apprêtent à vivre une grande aventure et finissent par sauver le monde des intentions avides et corrompues d’un politicien. Mais, alors que le script avançait et que nous avons commencé à storyboarder, il est devenu très tentant d’ajouter quelques clins d’œil à nos films préférés. La bureaucratie, l’administration, la politique locale ou encore les médias, le film offre un regard ironique sur la société, tandis que la narration est accessible à des enfants de cinq ans.

Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre une vision adulte et une histoire pour le jeune public ?

Que ce soit pour ce film ou pour les épisodes précédents, nous n’avons pas cherché à nous adresser à une tranche d’âge ni à un public cible. Kjell Aukrust a principalement écrit pour les adultes et nous souhaitions proposer des films vraiment intéressants quel que soit l’âge du spectateur. Je crois qu’on peut intégrer autant d’éléments ou de clins d’œil destinés spécifiquement aux adultes ou aux enfants, tant que l’on offre au public un récit et des personnages attachants.

Quand il s’agit de protéger la Lune, le craintif Ludvig fait preuve de bravoure et d’audace.

Est-ce que l’environnement était déjà un enjeu de l’œuvre originale ou bien est-ce une manière de l’adapter à nos problématiques contemporaines ?

Il y a bien une dimension écologique au film. Mais on avait d’abord à cœur de montrer l’impact de certains acteurs publics qui réduisent les problèmes majeurs à de simples chiffres, à une notion de profit, et qui minimisent les tristes conséquences qu’auront leurs choix sur la vie du peuple. Aukrust a toujours prêté attention au peuple. De même, il était un fervent défenseur de la réutilisation alternative et fantaisiste des objets qui auraient pu être jetés.

Le riche univers d’Aukrust et en particulier le trio des personnages de Solan, Ludvig et Feodor offre une source formidable de scénarios, pourtant la trilogie prend fin avec ce film. Ne serait-il pas tentant de poursuivre ?

Après avoir travaillé pendant dix ans avec eux, il est particulièrement triste de dire au revoir à ces personnages. J’ai l’impression d’en connaître certains personnellement. Pour autant, je pense que c’est le bon moment pour les quitter. Je crois que c’est leur faire honneur que de terminer avec un beau film, plutôt que de mettre en route des productions à la chaîne. Nous développons actuellement de nouvelles pistes narratives et j’espère qu’elles deviendront un jour de nouveaux films d’animation.

 

100 ans, tout ce que tu apprendras dans la vie

Qu’il est poignant, cet album ! Chacune de ses pages est consacrée à un âge de la vie, de 0 à 100 ans. « 5 ans : tu apprends que les garçons et les filles tombent amoureux les uns des autres, incroyable !… 18 ans : voilà que tu aimes le café… 51 ans : tu acceptes tes parents tels qu’ils sont… » Croquée en une phrase, chaque nouvelle saison de l’existence surgit sous nos yeux, avec ses grandes préoccupations ou ses petits détails. L’apprentissage de la pesanteur, la découverte de l’amour, la difficulté d’être soi, la tristesse, l’aventure, les relations, les deuils… Les auteurs décrivent avec nuances et poésie une vie multiple, sans la réduire à un schéma rigide ou à des passages obligés (le mariage, les enfants…), ni donner de leçons. Un livre sur les âges de la vie que les petits comme les grands liront avec émotion.  

100 ans : tout ce que tu apprendras dans la vie, Heike Faller, Valerio Vidali, Seuil jeunesse, 19,90 €. 

Une petite météo dans le ciel du dos

Imagine que tu as un petit tableau de météo dans le ciel de ton dos

1. Tu es calmement assis, les yeux fermés.

Ton papa ou ta maman s’assied ou se met à genoux derrière toi.

2. « On chasse la nuit. »

Avec la paume de main, commencer par brosser le dos.

3. « Le soleil se lève. »

Imaginer tremper le doigt dans du jaune, prendre le temps de dessiner un grand soleil dans le dos, avec tous ses rayons…

4. « Quelques nuages arrivent. »

Effectuer alors des pressions avec les deux mains, de part et d’autre du dos pour souligner les nuages qui s’amoncellent.

5. « Des gouttelettes de pluie tombent. »

Avec les deux index, tapoter légèrement çà et là comme si de petites gouttes tombaient.

6. « La pluie est plus forte. »

Utiliser huit doigts pour tapoter encore légèrement mais plus vite.

7. « Il y a même des grêlons. »

Bien tendre les doigts pour tapoter plus fermement, surtout sur les trapèzes, en haut du dos.

8. « La pluie se calme. »

On tapote moins fort.

9. « Mais l’orage arrive, il y a des éclairs. »

Les mains jointes, faire comme des Z avec la face externe des mains, dans tout le dos.

10. « Tout se calme, le vent souffle. »

Souffler sur les cheveux, la nuque.

11. « Les nuages ont été chassés, le soleil revient. »

Tracer un très grand soleil, cette fois avec la paume de la main, le colorier en faisant un massage en rond dans tout le dos.

12. Puis poser les deux mains sur les épaules de l’enfant, et se dire merci mutuellement.

À TON TOUR !

On inverse les rôles ! C’est à toi à présent de faire ce petit bulletin météodans le dos de ton papa ou de ta maman.

 

Le pré aux vaches de Rémi Farnos (La joie de lire)

Le rôle du livre ne serait-il pas aussi de créer des moments de rencontre entre un auteur et un lecteur tout en laissant ce dernier libre d’inventer à l’infini des histoires à partir des illustrations ? C’est ce que nous propose Remi Farnos ! Ce livre sans texte nous invite dans un pré peuplé de vaches ; leur quotidien va se voir remué lorsque, par une belle journée ensoleillée, une fine équipe de campeurs un brin artistes va y élire domicile. Les vaches assistent alors peu à peu à l’installation d’un campement qui prend des allures d’oeuvres d’art… Saurez-vous reconnaître le clin d’oeil à certains artistes du XXe siècle ? Ce livre vous offrira une réjouissante balade champêtre.

Un conseil : soyez curieux et découvrez toute la série des livres sans texte proposés par les Éditions La Joie de Lire.

Le Pré aux vaches – Remi Farnos – Éditions La joie de lire – 2018 – dès 1 an – 17,90 €.

On joue aux Kapla, maman ?

Banlieue parisienne. 17h30. Je viens de braver les transports bondés après une journée bien chargée. Direction le centre de loisirs. La culpabilité en bandoulière, je récupère ma fille de “presque 4 ans” et nous rentrons à la maison main dans la main, en sautillant, heureuses de nous retrouver. À peine avons-nous passé la porte de l’appartement qu’elle se tourne vers moi, un large sourire aux lèvres et pose la question fatidique et tant redoutée : « Maman, on joue aux Kapla ? » Je n’ai absolument aucune envie de jouer, juste de m’affaler dans le canapé et d’écouter du jazz… Me voici partie dans mes pensées… Mila-Djinpa l’a très bien compris. « Maman, ohé ! mamannnnn, tu me réponds ? T’es bloquée maman ! Maman, tu m’écoutes ? » Je me sens tellement fatiguée, la journée a été longue et puis j’ai encore du travail à finir, deux machines à faire tourner, je ne sais même pas ce qu’on va manger, le frigo doit être vide…

“Je me sens tellement fatiguée, la journée a été longue…”

Un bruit assourdissant me sort de mes divagations. Mila-Djinpa vient de renverser toute la boîte de Kapla sur le sol du salon. On dirait que je n’ai plus le choix… je me raisonne. Je suis tellement heureuse de ces moments passés avec elle. C’est aussi pour ça que je fais tous ces efforts, que je me dépêche de rentrer le soir malgré 40 millions de choses à faire, faisant de mon mieux pour concilier ma vie de maman et de femme entrepreneure. Alors je m’assois à côté d’elle et je la regarde. Elle semble si heureuse de me sentir présente à ses côtés. Je me fais la réflexion, non sans une pointe d’ironie à mon égard, que j’ai tout de même passé ma journée à proposer à des enfants et à des parents des exercices d’attention et de pleine présence. C’est mon métier ! C’est tout de même un comble ! Ah ! les cordonniers comme on dit…

“Elle semble si heureuse de me sentir présente à ses côtés.”

Je me ressaisis : ici et maintenant, il n’y a que cela qui compte : jouer avec ma fille. Si des pensées parasites m’égarent de ce moment de jeu, je m’efforce de les repérer et je reviens à l’instant présent. Nos quatre mains qui construisent les piles de bois, l’aspect lisse des Kapla, mon corps qui frôle le sien, l’odeur de ses cheveux. Elle me sourit et peu à peu je sens ma fatigue se transformer. Je me prends littéralement au jeu. Nous construisons notre monde de bois fait de tours et de ponts sans avoir un objectif de réalisation particulier. Mila-Djinpa et moi laissons notre imagination faire, inventer, et dans la présence nous bâtissons notre relation à toutes les deux, reliées dans l’expérience du moment présent. Tout à coup, elle pose un dernier élément puis m’annonce : « C’est bon, maman, c’est fini, j’ai plus envie de jouer ! » Pourtant, moi, j’aurais bien continué. Je me suis rendue disponible pour elle. Je suis allée dans le “ce dont je n’avais pas envie” et un monde s’est ouvert. Je crois bien que ce soir j’ai appris à méditer avec des Kapla !

Retrouvez Gaëlle Piton sur Facebook et sur son site.

La puissance de la joie selon Frédéric Lenoir

Quelle est la différence entre le plaisir, le bonheur et la joie ?

Les trois sont des expériences de satisfaction. La première, que nous faisons tous, est celle du plaisir, la satisfaction immédiate d’un besoin ou d’un désir : j’ai envie d’appeler un ami, je l’appelle, j’éprouve du plaisir. Le plaisir est une expérience quotidienne particulièrement vaste. Le bonheur est plus compliqué à atteindre car c’est un état d’être, une sorte d’état de satisfaction global et durable. Une autre différence est que le plaisir dépend uniquement de causes extérieures, alors que le bonheur dépend à la fois de causes intérieures et extérieures, et notamment de la conscientisation des plaisirs. Épicure nous dit : « Le bonheur commence par être présent à tous les petits plaisirs du quotidien. » C’est parce qu’on est présent au plaisir que l’on va regarder le soleil, boire un verre d’eau, parler avec des amis… et que l’on va créer un “état d’être” de satisfaction global et durable.
Pour atteindre le bonheur, il faut donc faire en sorte que notre satisfaction ne dépende plus uniquement des causes extérieures, mais qu’elle réside dans le regard que l’on porte sur la vie. La sagesse, c’est aimer la vie avec ses hauts, ses bas, ses moments agréables et désagréables sans dépendre uniquement du conditionnement extérieur.
La joie, c’est encore autre chose. C’est une émotion très puissante qui arrive dans certaines conditions. Elle ressemble au plaisir dans le sens où elle ne dure pas forcément longtemps, mais on peut la cultiver afin de la rendre quasi permanente. Telle est la quête de Spinoza : comment fonder un bonheur, donc un état d’être de satisfaction global et durable, sur la joie. On peut aussi rechercher un état de bonheur fondé sur la sérénité, à l’image des bouddhistes et des stoïciens. La joie est donc à la fois une émotion qui ressemble au plaisir et qui peut devenir un état d’être et donc une incarnation du bonheur.

“ Chaque fois qu’un enfant progresse, grandit, découvre de nouvelles choses, il est dans la joie ! ”

Peut-on vivre, une fois adulte, des joies aussi intenses que celles vécues pendant l’enfance ?

Il faut comprendre ce qu’est la joie de l’enfant. D’abord, il vit dans l’instant présent, ce qui, selon Épicure, provoque beaucoup plus de plaisir et de joie. La joie vient de la qualité d’attention à ce que l’on fait. Elle est liée, chez les enfants, à la qualité de présence qu’ils ont dans l’instant : ils ne se projettent pas. La deuxième chose, c’est qu’ils sont dans l’accueil et la simplicité de la vie. Ensuite, nous enseigne Spinoza, la joie est intrinsèquement liée au progrès. Chaque fois qu’un enfant progresse, grandit, découvre de nouvelles choses, il est dans la joie ! Pourquoi perdons-nous cette joie une fois adultes ? Parce que notre ego et notre mental se complexifient, que nous sommes de plus en plus sensibles au regard des autres, trop souvent dans la rumination du passé et la projection de notre futur. Nous avons aussi moins l’impression de progresser au quotidien. Mais, bonne nouvelle, nous pouvons travailler pour redevenir de petits enfants en apprenant à vivre dans l’instant présent, en lâchant l’ego et le mental grâce, entre autres, à un travail sur soi, de la méditation, des exercices spirituels…

À lire : La puissance de la joie, Fayard (2015)

Comment libérer la créativité de vos enfants

1. De montrer “comment on fait” tu te retiendras

À 4 ans, mon fils était un dessinateur passionné : il remplissait les feuilles entières de tout plein de détails. Après les dinosaures, il a eu sa période “volatiles” : ses oiseaux étaient magnifiques, détaillés et originaux. Jusqu’à ce qu’un jour sa maîtresse me dise, très fière d’elle : « Je lui appris à dessiner un oiseau ! » Celle qui s’extasiait depuis des mois qu’il soit le seul enfant de sa classe à ne jamais lui réclamer ni aide ni idée venait donc d’“apprendre” à mon fils à dessiner des oiseaux… en forme de V dans le ciel ! Et c’est ainsi que, en l’espace d’un instant, ses merveilleuses créations ailées sont devenues des V rigides et clonés. Voici donc mon premier conseil : faites taire votre ego (même si vous trouvez que son poney ressemble à un dindon) et ne minimisez jamais votre pouvoir de persuasion en tant qu’adulte. Ne vous dites surtout pas que vous faites “mieux” que l’enfant juste parce que vous êtes un adulte. Dans le domaine de la créativité, cela peut être ravageur…

2. Prendre tes enfants pour des artistes en herbe tu arrêteras

En focalisant sur le résultat (une future “œuvre d’art” à encadrer), on prend le risque de freiner fortement (voire de tuer dans l’oeuf) leur confiance en eux si les résultats ne sont pas un jour à la hauteur de leurs espérances. En tant que maman, je sais à quel point il est difficile de savoir quoi répondre à un enfant qui nous dit fièrement : « Regarde mon dessin comme il est beau ! » Pour éviter le jugement comme le mensonge, ma solution est de stopper ce que je fais pour offrir à mes enfants quelques secondes de vraie attention, pendant lesquelles je cherche un détail qui me plaît vraiment, sans juger la création. Et en toile de fond, je leur rappelle régulièrement que les seules personnes à satisfaire, ce sont eux-mêmes ! Les enfants ne doivent pas créer pour nous, ni pour nos murs : ils ne doivent créer que pour eux-mêmes, un point c’est tout.

3. Ton appareil photo à l’occasion tu sortiras

À 3 ans, alors que je m’extasiais (intérieurement) sur un fantastique dessin représentant ses premiers bonshommes, ma fille se met à recouvrir la feuille de noir. Je m’écrie : « Stop, qu’est-ce que tu fais ? Tu vas abîmer ton beau dessin ! » Elle me répond alors, comme si c’était évident : « Mais maman, c’est la nuit… » Ce jour-là, j’ai compris à quel point le dessin était d’abord une histoire que les enfants se racontent. Et comme toute histoire, le dessin évolue, quitte à se faire recouvrir de noir, de gribouillis orange (« C’est une tempête de sable ! »), ou à se faire découper en petits morceaux… Depuis ce jour, je photographie ce que je souhaite conserver (avec leur accord, car ce sont leurs créations !).

4. À expérimenter, patouiller et échouer, tes enfants tu autoriseras

L’ayant vécue enfant, je sais combien la confiance d’un parent qui nous laisse accéder à du “vrai” matériel est vitale. J’ai toujours pu toucher et utiliser leur matériel, tout en intégrant des règles : on ne fait pas de gouache avec des pinceaux à peinture sur soie, on ne découpe du tissu qu’avec des ciseaux de couture et on ne chahute pas autour de la machine à bois, par exemple ! Ce qui impliquait de leur part de voir mes essais, non comme des “ratages”, mais comme des occasions de recommencer, de progresser et d’explorer mes propres talents. Par la suite, j’ai continué à faire mes propres expérimentations artistiques en toute liberté et, la plupart du temps, avec ce que j’avais sous la main. Au-delà du champ manuel, j’ai appris à trouver moi-même mes solutions et à me poser mes propres questions, parfois même à l’opposé de ce qui se dressait devant moi… toujours avec l’assurance de la confiance et du soutien de mes parents.

5. Ton enfant s’ennuyer tu laisseras

En réponse au lancinant « Je m’ennuiiiiiiiie », mes enfants ont l’habitude d’entendre un joyeux : « Super ! T’as de la chance ! » Car l’ennui est vital, on ne le répétera jamais assez ! C’est un temps nécessaire de pause, indispensable pour accéder à nos vraies envies, pour développer notre imagination, pour apprendre à nous connecter à nous-mêmes et à nous connaître ! Comment le faire si nous ne laissons jamais à nos enfants ces temps de “rien” et remplissons d’activités leurs emplois du temps, week-ends compris ? Luttons contre l’envie de les occuper à tout prix, par peur (de quoi ?) ou par énervement (ne plus les entendre se plaindre). Et tenons bon contre la télévision et les écrans utilisés en mode “baby-sitter” ! Être seul face à soi-même peut être difficile et un peu effrayant quand on ne l’a jamais vraiment vécu, mais ça viendra. L’imagination est comme un muscle : elle se développe en s’utilisant !

6. À toi-même tous ces principes tu appliqueras

Féliciter son enfant de s’ennuyer et, en face, ne pas être capable soi-même de s’arrêter deux minutes (de courir, nettoyer, travailler, s’occuper, râler) est totalement improductif puisque, on ne le répétera jamais assez, en éducation, la posture a plus d’impact que les mots. Soyons donc cohérents avec notre discours et accordons-nous ce que nous demandons à nos enfants : des temps d’ennui, de pause, d’imagination, loin de nos écrans. Accordons-nous surtout de la bienveillance et le droit à l’erreur. Dans le jeu et l’art comme dans la vie, l’échec ne sert qu’à recommencer et à s’améliorer !

Retrouvez des idées de créations sur le site de Marie.

Ranelot et Bufolet

Une grenouille, un crapaud : des amis pour la vie. À l’évocation de ces amphibiens qui vivent des aventures très simples et paisibles dans des livres au dessin doux, tout en nuances de vert, mon coeur se serre. Comment s’appelaient-ils déjà ? Ces deux héros tendres et complices ont habité mon enfance. Combien de fois ma mère nous a conté, à ma soeur et à moi, leurs histoires ? Je revois la couverture vintage. Je crois que j’ai trouvé la madeleine.

Frog and Toad

Un soir, mes deux amis sont rentrés de nouveau dans ma vie, et en fanfare ! Le papa de mon fils, Canadien, nous rapporte fièrement et solennellement les livres de son enfance, Frog and Toad. Grenouille et Crapaud. Ranelot et Bufolet. Retrouvailles.

Frog and Toad font désormais partie de notre univers commun, notre fils les cite comme s’il s’agissait de membres de la famille : « Tu te souviens, quand Toad avait perdu son bouton ? Quand Frog avait peur que son copain le voie en maillot de bain ? Quand il voulait être seul, pour réfléchir à leur amitié ? »

Chez nous, ils parlent tantôt français, tantôt anglais ; de toute manière ils parlent une langue universelle, celle où l’amitié est reine et le rêve roi.

Ranelot et Bufolet, une paire d’amis (L’école des loisirs)